LA SOURCE



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Si nous rencontrons souvent les mots de Catharisme, de Graal, de gnostiques, de Fraternité d'Amour, de Templiers, de Rose-Croix, c'est qu'ils ont entre eux un lien secret qu'il nous faudra progressivement mettre à jour pour découvrir à quelle réalité il nous relie et ce qu'il veut réaliser.

A. Gadal dit un jour :
"Devant une avalanche de paperasses, plus erronés les uns que les autres, sur les "pauvres" Cathares - si riches en Esprit ! -, j'ai voulu me départir de mon vieux travail silencieux pour mettre les choses au point. Doctrine, Gnose, Graal pyrénéen, Druidisme, le Sabarthès, un peu d'histoire, le tribunal d'inquisition de Pamiers, forment l'exposé sur ce bel Empire d'Amour, qui a provoqué les haines sanglantes du clergé corrompu du Moyen Âge, et que Rome a écrasé de sa main impitoyable. Ce n'est pas un cri de haine ou de vengeance, comme je l'ai souvent écrit et répété. On ne peut être Cathare si l'on ne sait pas pardonner : "Dieu est Amour !"… C'est le résumé de ce "chemin du Saint Graal", si beau, long et dur, qui conduit à la sanctification en Christ, but de toute Initiation, suprême voie du Bien, du Beau, de l'Amour. Ce sont les sources qui comptent, et non pas les nombreux conciles tenus par Rome pour combattre des idées ou des hommes qui ne se soumettent pas "au dogme et à la foi non raisonnée !"
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"DIEU EST AMOUR"



"Dieu est amour !"
Ces paroles résonnaient souvent dans la bouche des "Parfaits", des "bonshommes".
Elles définissent le mieux le grand principe de la spiritualité cathare, l'essence de la doctrine. Si la création universelle est parfaite - et elle ne peut être que parfaite, étant l'œuvre de Dieu - tout ce qui s'écarte de la loi d'Amour universel et tombe dans le " devenir terrestre" a toujours la possibilité de retrouver le chemin de la Perfection.
"Par leur repentir, les âmes participent au bienfait de la Rédemption universelle, dont la Bonté n'exclut même pas Lucibel", l'archange déchu".(Origène).
Dans la Religion d'Amour :
pas de damnation éternelle : tous feront retour un jour au Royaume originel, même Lucibel, l'ange déchu. pas d'enfer après la mort. L'enfer est ici-bas, sur la terre et dans la conscience de l'homme qui a oublié son origine, qui erre, lutte contre tout et tous et souffre mille maux.
pas de Dieu vengeur, porteur de glaive, qui juge et punit, mais la force lumière de Christ, l'Epée de l'Amour, qui vient rechercher l'âme humaine égarée au plus profond des ténèbres.
Violence et souffrance sont les armes du mal. Seule l'âme divine, née d'un cœur épuré par la Lumière, éteint l'enfer, dissipe les ténèbres et l'ignorance et convertit le mal en bien.

LA GNOSE ET FONDEMENTS


Selon A. Gadal, la source spirituelle d'où émana le Catharisme est indéniablement gnostique.
Voici les quelques explications qu'il proposait :
"La Gnose est la connaissance de tout ce qui touche à Dieu, à Jésus-Christ, au retour à la vie divine. C'est la synthèse chrétienne de toutes les philosophies de la délivrance éparses dans le monde avant la venue du Christ. Comme toutes les traditions spirituelles, la Gnose considère le monde comme une illusion, une pseudo création instable, imparfaite. La seule réalité est Dieu. Sans connaissance de Dieu, les hommes s'enchaînent dans l'irréalité d'un monde matériel. Dépasser le matériel pour se rapprocher de Dieu, considérer les souffrances comme une base de purification, suivre, sans se lasser, le chemin de la Perfection, c'est, en résumé, tenter de se rapprocher le plus possible de la pureté de Jésus Christ, le divin Maître. Comment y parvenir ? Par la pratique de l' "Endura"!!"

Se libérer de l'illusion
Pour se délivrer de la matière, il faut briser les liens qui nous rattachent au monde sensible. Se délivrer de la matière, c'est vaincre l'emprise qu'elle exerce sur nos sens, les illusions individuelles et collectives qu'elle produit, c'est renoncer au moi.
Alors seulement nous pourrons spirituellement revenir dans le monde et œuvrer à sa Rédemption, car alors la matière n'a plus aucune emprise sur nous. Voilà l'œuvre de l'initiation des Parfaits, Purs ou Bonshommes, prêtres cathares.
Détachement, renonciation à toute forme d'instinct et de passion, abnégation de soi : la pauvreté en esprit, l' " Endura " des Cathares.

Une double nature
Echapper à la matière et au mal ne signifie pas qu'il y ait un dieu mauvais : Dieu est amour !
Les gnostiques, Cathares, Rose-Croix, Templiers, n'ont jamais cru en deux Dieux. Ils n'ont jamais été "di-théistes".
Ils reconnaissent en Jésus, la Parole divine manifestée à nous comme un homme, unissant l'essence divine et la nature humaine, sous les apparences d'un individu humain. Cette Parole éveille dans les âmes des hommes le souvenir du Royaume perdu. Elle y ouvre les sources de l'Esprit sanctifiant, pour une libération totale.

La Lumière s'offre à l'homme
Pour les gnostiques, seul le Sacrifice du Verbe, du Fils, de la Lumière divine qui souffre dans les ténèbres intérieures de l'homme puis meurt et ressuscite, est libérateur pour les âmes humaines. Le noyau de la Gnose est le Verbe Rédempteur, qui nous fait retrouver la Parole perdue, et comprendre, par Elle, un des aspects du Mystère de la Croix.

DOCTRINE


Pour répondre à toutes les questions de ses proches concernant la doctrine cathare, A. Gadal met en scène des dialogues entre un néophyte et un "Bonhomme" (c'est ainsi que l'on appelait les prêtres cathares) :
"Qu'est-ce que Dieu ?
Dieu est la Lumière infinie. L'Un et le Tout. Il est adoré sous la triple appellation de Père, de Fils et d'Esprit Saint.
Le Père est l'Être absolu. C'est le Dieu inconnu, inconcevable, intangible.
Montre-nous le Père ? demandent les disciples. Et le Christ répond :
"Vous me voyez !". L'homme ne peut voir le Père que dans le Fils, dans l'Homme Dieu, Figure de sa substance, splendeur de sa gloire.
Le Père, c'est Dieu voilé dans l'Eternité. Le Fils, c'est Dieu visible dans le temps ; L'Esprit, c'est Dieu sensible dans le cœur.

Deux Dieux ou deux principes ?
Puisque Dieu est Esprit infini, Il est donc absolument Unique ! Comment peut-on nous accuser de soutenir que Dieu a deux Fils et que nous adorons deux Dieux ? C'est là une odieuse calomnie ! Dieu a un Fils, consubstantiel, coéternel et nécessairement unique et cependant subordonné, car Il est le Fils.
Nous reconnaissons deux principes en Dieu. Mais ces principes sont secondaires : Loin d'être deux dieux, ils ne sont que deux "modes", deux "agents" de la création. Encore le second est-il négatif, un fantôme, l'ombre du "Non-Être", le rayonnement obscur du Néant.

Parle-nous du Fils, le Dieu visible !
L'apôtre Jean dit de Lui : "Il est le Verbe, Il est en Dieu, Il est Dieu."
Il est le Dieu créateur.
"Tout a été fait par Lui."
Il est le Dieu Rédempteur, car le Verbe est devenu chair et a habité parmi les hommes.
Le Rédempteur est le même que le créateur, car pour refaire un monde, il faut d'abord l'avoir fait.

Le Christ est-il né de la vierge Marie ?
Luc et Matthieu le disent. Marc garde le silence. Jean le fait naître dans le sein du Père. Matthieu rattache sa généalogie à Abraham. Luc, sa généalogie humaine à Adam.
Jean, sa généalogie céleste à Dieu. Jean seul a vu Son origine éternelle. Comme dans la sagesse hellénique, Il a jailli du penser divin comme l'aurore.
En Orient, l'Esprit est un principe féminin.
"Il n'est pas né d'une femme. Il est venu par la Porte d'Or du Ciel."
Avant le concile de Nicée, la mère du Christ n'est point humaine mais céleste !
Elle ne s'appelle pas Marie, mais Mani, Mens, Manas, qui signifie "Pensée", Esprit.
Le Christ est un rayon de la Pensée divine que le Verbe manifeste au milieu des hommes. Il est descendu avec la beauté d'un immortel, l'éclat de l'Orient d'en-Haut.

Et la naissance à Bethléem ?
C'est là un magnifique symbolisme terrestre, non une réalité historique et scientifique.
"D'ailleurs la chair n'est qu'un voile et la matière une ombre… Créé d'une vierge par un rayon de l'Esprit, le corps du Christ ne pouvait être que spirituel. Ce corps, qui jeûnait quarante jours, qui glissait comme un nuage parmi les foules, qui marchait sur la mer comme sur du marbre et flottait comme un duvet dans la splendeur du Thabor, était plus éthéré qu'un corps humain".
C'était un corps sidéral, psychique, angélique". Son Bethléem, c'est le ciel. Sa crèche, le tabernacle de Dieu".

Qu'est-ce que Noël ?
C'est l'anniversaire de la naissance de l'humanité parfaite. "Emmanuel" : "Dieu vivant en nous". Dieu vivant dans l'humanité ! L'humanité enfin humaine, voilà ce que révèle ce jour béni ; et les hommes n'ont su encore tirer de cela qu'une religion inhumaine et une humanité damnée !

Qui sont Christ et Marie ?
Raymonde Bézerza, femme cathare brûlée en 1270, a proclamé :
"Le Christ n'a pas eu un vrai corps humain, ni une vraie chair humaine. La vierge Marie n'a pas été vraiment la mère de Dieu". (Doat 25 p. 57) C'est l'Eglise cathare qui est la " vraie Vierge Marie, vraie pénitente, chaste et vierge, qui met au monde des Fils de Dieu ".
Marie est la personnification humaine de la Sagesse divine, de la Lumière manifestée par reflet. Elle est le côté féminin du " Verbe fait Chair ", et parti-cipe, par assomption, à toutes les gloires de Jésus-Christ.
La Vierge Marie est donc la mère de l'Eglise Cathare, comme Jean en est le délégué de Christ sur la terre. "Femme, voilà ton fils !, Fils, voilà ta mère !", a-t--Il dit sur la croix.

Et l'Etoile de Bethléem ?
L'Etoile de Bethléem comprend : Le Christ, Marie, et les trois Mages. Cinq branches : c'est le Pentagramme de la Transformation, image de l'Homme devenu parfait.

Qu'est-ce que la croix ?
- Maître, si le Christ avait un corps éthéré, Il n'a donc pas souffert ? Il n'est pas mort sur la croix ? -
- Il a souffert en "Esprit". Il a eu les tortures de l'âme, l'agonie de Geth-sémani. Mais Il n'est pas mort ! Un Dieu ne peut pas mourir !".
La croix est le corps humain à travers lequel l'âme divine va son" chemin de croix" : De Bethléem (le cœur) à Golgotha (le mont du crâne) jusqu'à sa résurrection, traversant les enfers (le plexus sacré, le subconscient) jusqu'à la Patrie éternelle (le Père).

Qui est Lucibel ?
C'est celui qui lance l'aurore. Le plus illustre et glorieux des anges. La plus éminente des créatures de Dieu.
Comment est-il tombé ? Volonté arbitraire et rébellion ; ambition démesurée ; désirs immodérés. C'est un esprit moins coupable, sans doute, qu'infortuné ; le chef des âmes exilées qui l'ont volontairement accompagné dans sa ruine.
N'est-il donc pas le créateur de l'Univers ? Le Christ, seul, est le Créateur, puisqu'il est Dieu. Lucibel n'est qu'un pouvoir contingent : le prince de la division et de la guerre.
C'est le " Grand Imitateur ". Il reproduit et tente de modifier les idées originelles du Christ. Il n'a pas créé, seulement transformé le monde en une image gros-sière et terrestre du Monde parfait et céleste. Chef des esprits exilés, il s'est construit, sur la terre, avec des ombres et des nuages, un empire fantastique, un monde de douleur et d'expiation - notre monde - dont il est le monarque attristé, puisqu'il lui rappelle les Cieux.

Tous les esprits seront-ils sauvés ?
Tous ! Après de longues épreuves et purifications, après les durs exercices pour atteindre la Perfection, ils remonteront dans l'azur. Voyez cet Océan de l'Ether… Il est semé d'îles de feu, d'archipels de lumière.
Ce sont les stations de l'âme dans l'espace, les stalles diverses dont parle le Christ, le Chemin des Etoiles.
Les âmes remonteront d'astre en astre, de constellation en constellation, jusque dans le sein de Dieu.
Au cours de ce processus, l'âme se détache de tous ses liens terrestres et revêt l' "Habit de Lumière " qu'elle avait dû abandonner lors de sa chute dans le monde inférieur.
Christ, remonté au Ciel, a décrit à la Mère de l'Eglise Cathare le voyage de l'âme au travers des Six Planètes (Evangile de Marie).

Et Satan ?
Pourquoi serait-il le seul exclu du Salut ? Dieu est Amour ! Christ ramènera dans le Ciel le grand proscrit, consolé.
Satan n'est donc pas le Mal ? Le mal absolu, substantiel, existe- t-il ? Où serait-il, Dieu étant le Bien absolu, substantiel, infini ?
Le Mal est indépendant de Dieu. C'est un non-être établi dans le temps, hors de la création divine.
N'y a-t-il donc pas de châtiments éternels, pas de douleurs éter-nelles, pas d'enfer ?
Oh, Fils bien aimé… la Terre est un purgatoire immense, l'hospice du genre humain malade ! Dieu étant l'Eternel Amour, où serait l'enfer ?
Les Sages, qui connaissaient bien les hiéroglyphes sacrés de l'Egypte, nous ont enseignés que Dieu, après le crime de Typhon, qui rendit Isis veuve, a donné à l'homme un œil intérieur pour contempler la Vérité. Cet œil apprend à l'homme à éviter le Mal. Dès lors "L'Enfer, c'est le remords de la Conscience." ( Origène ).

Parle- nous du Paraclet !
Le Paraclet, c'est le Consolateur promis par le Christ, l'ultime Révélateur, le Créateur céleste de la Perfection, le Régénérateur du monde, jusqu'à la fin des siècles.
Il est le Fondateur de l'Eglise de l'Esprit, source de pureté, de sainteté, de Céleste Amour. Son peuple est " cette rosée, sortie du sein de l'Aurore, des Purs, des Saints, des Consolés, des "Amis de Dieu." -

Quel est notre Patriarche ?
C'est Jean, fils de Zébédée. Jean, le Bien-Aimé de Jésus qui repose sur son cœur et connaît tout le mystère de ce cœur divin. L'Apôtre vierge de l'Amour, l'Aigle de la théologie mystique, le prophète de Pathmos, Platon de l'Evangile, Homère de l'Apocalypse.
Dans l'Eglise du Paraclet, pas de pontife ; Simplement un Maître de la Gnose. Son Evangile est appelé "l'Evangile spirituel" du Verbe Rédempteur.
"Au commencement était le Verbe..." qui est Dieu, Vie, Lumière des hommes :
chacun est relié à sa filiation divine originelle perdue.
"La Lumière brille dans les ténèbres, mais les ténèbres ne L'ont pas reçue…" : en nous et dans le monde, règnent deux natures opposées.
"A tous ceux qui L'acceptent, Elle donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu." : la délivrance est un fait absolu.
Et tous ceux qui nous précédèrent….
De nombreux pionniers foulèrent ce sentier du Salut. Les sages Druides de l'extrême Occident n'avaient rien à envier aux initiés des Ecoles des mystères de l'Egypte ou de la Grèce antiques et ces derniers étaient aussi instruits des mystères que les sages de l'Inde.
"L'Esprit souffle où Il veut ".
Les Triades druidiques explorent les mêmes profondeurs que les Mystères égyptiens. Orphée, Moïse, Pythagore, Platon, Origène, en avaient déjà retiré le plus beau de leurs doctrines. Les explications de Lysis, disciple de Pythagore, sur la "Préparation, la Purification, la Perfection", complètent les Triades druidiques."


En tête de tous ces Grands selon l'Esprit, A. Gadal place Hermès le Trismégiste (le "Trois fois Grand"), qu'il appelle "le Grand Fondateur de tous les Mystères".
Il disait aussi que les Sept Eglises d'Asie et les Grecs d'Orient, sont très proches de nous :
Grégoire de Naziance, le noble Synosios, et avant eux, Origène, ce "Nil de la doctrine". Et même Tertullien, cet africain farouche, un moment adversaire des gnostiques, qui rejoignit plus tard l'Eglise de l'Esprit. Les gnostiques orientaux sont les frères chrétiens des Mages de l'Euphrate et des Brahmes de l'Inde.
"Nous sommes les derniers enfants du" Mani", l'épuration suprême de la Gnose".


LE CATHARISME PYRENEEN



PREMIERES ORIGINES


Tentons maintenant de remonter aux sources encore enfouies du Catharisme !
On avait pris l'habitude de grouper, sous le nom de Gnostiques, quantité de groupes dissemblables, parfois même opposés, pour avoir ainsi un motif de les combattre, de les exterminer, de les calomnier sur-tout. Voici ce qu'Antonin Gadal nous dit sur ce sujet si controversé :
"Esséniens
Le Gnosticisme trouve ses racines chez les Judéo--samaritains. C'est en Palestine, plus particulièrement dans la Sama-rie, qu'il faut chercher son berceau. Les Esséniens forment une communauté gnostique de Juifs pieux qui se distancièrent nettement de leurs compatriotes. Ils se distinguaient par la grande pureté de leurs mœurs.
Ils approuvaient le mariage, nécessaire pour la conservation du genre humain, mais ne suivaient pas les voluptés de la chair. Ils condamnaient les jurements, la propriété des biens, toute nourriture carnée et abhorraient le mensonge.
Ils vivaient dans le parfait détachement des passions et conflits humains ordinaires et des biens terrestres. On les appelait aussi "Thérapeutes" parce qu'ils soignaient les malades.
Cette communauté de "purs" se présentait comme la gardienne du véritable sacerdoce hébraïque. Elle préparait la naissance lumineuse de l'ère nouvelle : l'ère chrétienne.
Envoyé et guide de la fraternité des Esséniens, le "Maître de Justice" préfigure, par sa vie et ses actes, la venue d'un "Homme Nouveau", dont Jésus-Christ (élevé chez les Esséniens) sera le prototype. Pour les Esséniens, on ne peut s'approcher des mystères divins que par une vie en Esprit, l'amour pour Dieu et le respect des hommes et de la vie. En raison de leur façon de vivre comme les premiers chrétiens, les Pères de l'Eglise les considérèrent comme des chrétiens apostoliques.

Dosithée et les Dosithéens
Dosithée, juif, d'une piété austère, rassembla des fidèles auxquels on donna le nom de Dosithéens. Ils vivaient au temps de Jésus-Christ et adoptèrent les mêmes pratiques que les Esséniens. Ils se disaient disciples de Jean le Baptiste qu'ils considéraient comme le Vrai Messie. Ils ne se nourrissaient que des fruits de la terre et vivaient dans des grottes ou cavernes. Dosithée niait la résurrection des corps, la destruction future du Monde, le jugement dernier, l'existence des Anges, et ne voulut admettre d'autres démons que les idoles des païens. Les Esséniens se fondirent avec le Dosthanisme.

Simon le Mage
Le fameux Simon le "Magicien" est "Simon obéissant". Simon, "Shimô", est l'un des noms donnés à Dieu, au Messie. Le Messie "Shimô" n'est autre que Christ Jésus qui eut des disciples parmi les Dosithéens (ou Dosthanis). Ses disciples sont les premiers Gnostiques. Ils ont reconnu le Christ- Jésus comme Shimô, comme Dieu. Sous la plume ingénue d'Irénée de Lyon, l'un des premiers défenseurs de l'Eglise de Rome, cela est devenu la stupéfiante histoire de Simon Cyrénéen, substitué à Jésus et crucifié à sa place !!!

Alexandrie
L'Ecole d'Alexandrie doit être considérée comme une période de refonte des principales philosophies de l'antiquité. Un creuset gigantesque où les religions et les philosophies du monde venaient se mélanger : Judaïsme, platonisme, christianisme, gnose chrétienne et égyptienne. L'Hellénisme y révèle l'antique sagesse des Mystères, puisée à la source commune : l'Egypte. On y vit le magnifique rapprochement d'un Philon et d'un Platon. Ammonios Saccas, fondateur de la doctrine néo-platonicienne, y devint une lumière : païens et chrétiens - chose admirable - se réclamaient de lui. Clément d'Alexandrie, Origène, chrétiens, se rencontraient chez lui avec des "païens" comme Plotin et Porphyre.
Les Gnostiques s'occupèrent activement à démêler l'écheveau de la philosophie, la science sacrée. Ils abordaient auda-cieusement les plus grands problèmes ( l'existence du mal, le temps et l'éternité, la corruption universelle et le chemin de la Perfection, l'homme et Dieu ) et prétendaient les résoudre, grâce à la Gnose, la révélation intérieure de Dieu. Ce qui explique que la plupart des Pères grecs, nourris de Gnose Alexandrine, ont gardé cette empreinte de Haute Spiritualité : Clément d'Alexandrie, Jean Chrysostome, Origène.
Un siècle avant Augustin - qui fut d'abord Cathare (on disait Manichéen) avant d'être chrétien catholique -, Athanase, évêque d'Alexandrie, professait une doctrine de l'âme digne d'un vrai gnostique. Tertullien n'a-t-il pas été l'un des premiers fidèles de l'Eglise des "purs" (catharoï) ; comme Montan, fondateur de la première Eglise cathare en 140 ; comme Novat, évêque Cathare à Carthage ; comme Novatien, devenu Pape, et resté Pape (en 250) pendant vingt ans !

C'est dans ce véritable Athanor spirituel alexandrin qui confronta la Sagesse d'Hermès, l'Essénisme et le Néo-platonisme au Christianisme que s'élabora l'esprit du Catharisme."



LE GRAND FLEUVE DE L'ESPRIT


Depuis l'aube des temps, ceux qui transmettent la sagesse, la Gnose, ont incité l'humanité à découvrir qu'un chemin de retour à la perfection originelle existe et qu'un processus immense et mystérieux mène à la vie véritable, celle de l'homme-âme-esprit.
En vérité, de Rama l'Archi Druide, à Hermès Trismégiste ; d'Hermès à Pythagore ; de Pythagore à Virgile, de Virgile à Dante, c'est le même courant spirituel et séculaire qui circule. Celtisme et Pythagorisme sont frères. Druidisme et Christianisme se complètent, et ce n'est point par pur hasard ! L'essentiel de la doctrine des Druides est chrétien en ses purs fondements, bien qu'élaborés avant le Christ.
"Ce qu'on appelle aujourd'hui religion chrétienne n'a jamais cessé d'exister depuis l'origine du genre humain." (Augustin).

Une longue chaîne d'or


Inde, Egypte, Palestine, Grêce, puis Alexandrie; Pythagore, Platon, Jésus; Dante, Gnose islamique, pour revenir finalement en Europe avec les Cathares, les Templiers, les Rose-Croix… Une longue Chaîne d'Or, toute une série de maillons à souder les uns aux autres. C'est toujours la même pensée au travail, un fond spirituel identique qu'on retrouve sous des symboles différents :
La Gnose, le Temple de l'Esprit, la Fraternité Universelle.
Le Mystère enveloppe toutes les origines :
celle du Monde, celle du Christianisme, celle de l'homme. Le Christ, lui-même, opère dans un "nuage lumineux" ; et, lorsqu'il a profondément enraciné le trône divin, on en voit surgir, à travers une confuse végétation, trois branches mères :


- Auquel de ces trois rameaux primitifs se rattachent les Cathares, le Catharisme pyrénéen, avec le " Manéisme" Aquitain, les Templiers et plus tard les Rose-Croix ?
- Evidemment au dernier, à Jean, fils de Zébédée, au Disciple Bien-aimé du Seigneur !

Qui est le Christ ?


Moïse descendit des nuées tonnantes du Sinaï, tenant les Tables de la Loi.
Le Christ, remontant dans la gloire, ne laisse que son Verbe au Monde. Le Verbe se condense dans un Evangile primordial. Ce Proto-évangile hébreu se divise en quatre Evangiles grecs qui se fragmentent en une multitude de légendes évangéliques rédigées dans tous les idiomes de l'Orient. Chaque na-tion possède sa biographie de Jésus ; chaque groupe de fidèles modifie à son idée l'image du Christ.



Les Evangiles


Le Christ a aussi sa mythologie. L'église s'arroge le droit d'émonder cette végétation de légendes apocryphes et ne conserve que les quatre Evangiles : A l'homme, au lion, au taureau, à l'aigle. Le concile de Nicée les déclare "seuls orthodoxes". Mais la source de ces quatre fleuves, l'Exemplaire unique et originel, le Proto-évangile, a disparu !
Grégoire de Naziance - évêque grec asiatique du IVème siècle, patriarche de Constantinople - disait :
"Matthieu a écrit pour les Hébreux ; Marc, pour les Romains ; Luc, pour les Hellènes ; Jean, pour tous les peuples de l'Univers."


L'Evangile de Jean


Au lieu du "Verbe", les Cathares invoquaient le Paraclet.
L'Evangile de Jean constituait, à peu près, toute leur Bible, il commençait leur histoire. L'Apocalypse de Pathmos ouvrait leur épopée. Leur génie avait le tempérament de l'Aigle, symbole du "Boanerge". Par l'Apôtre Jean, l'"Aimé du Sauveur", et par son Evangile, les Cathares étaient non-seulement de la plus pure lignée évangé-lique, mais encore de la plus haute origine orthodoxe. Et pourtant, ils la dépassent par un élan éperdu vers l'idéal chrétien le plus élevé. L'Evangile spirituel était vécu dans le sens de la plus haute réalisation : l'Homme-Esprit. Ils n'étaient pas seulement mystiques, ils étaient encore Gnostiques.

Le Christianisme cathare


Leur Christianisme était une "Gnose", une "Connaissance" des mystères divins et une prédication. Leur chef était le Verbe qui enseigne, et non l'Homme Dieu qui souffre.
Comme le Dieu Sauveur de Platon, il sauvait par la Vérité, non par l'expiation et le martyre.
Le Catharisme allait jusqu'à supprimer la Croix des souffrances, dérober le Crucifié, voiler d'un nuage le Calvaire.
Gnostiques, les Cathares avaient été conduits à cette négation par leur conception philosophique de l'origine des choses :
"La raison n'a jamais pu s'expliquer la coexistence simultanée de l'infini et du fini, de Dieu et du Monde. Si l'Esprit est l'Être, la Matière est le Néant. Si l'Esprit est le Bien, la Matière est le Mal, c'est-à-dire le Non-Etre. Dieu étant l'Être infini, la chair n'est qu'une ombre, le monde qu'une apparence, la destinée qu'un drame lugubre, mais fantasmagorique ! De là, des conséquences qui modifiaient pro-fondément la théologie, la morale, le culte et le comportement."


Il nous suffit de signaler :


LE CARACTERE DU CATHARISME PYRENEEN


Il y avait des Gnostiques Juifs et des Gnostiques grecs-syriens. C'est à ces derniers que se rattachaient les Cathares pyrénéens. Ils étaient grecs-orientaux.
Indo-grec, le Catharisme repousse le Judaïsme, les livres hébreux, les violences de Moïse, les tonnerres de Jéhovah.
"Dieu est Amour"
Il se sépare nettement du Manichéisme persan, en rejetant son Dualisme de l'Esprit et de la Matière, son Eternité du Mal, ses restes du Mazdéisme. Zoroastre lui est aussi étranger que Moïse.
Chrétien, antérieur au christianisme du concile de Nicée, le Catharisme n'accepte donc ni les livres juifs, ni les Evangiles judaïsants, ni les symboles de l'Eglise impériale, ni les pompes païennes de la théocratie romaine.
Il se rattache plutôt à Montan, à Marcion, les premiers "Cathares" (140 à 199), à Novat, à Novatien ( le Pape cathare).
Gnostique, il se sépare des autres gnostiques en délaissant les Eons, les Abraxas, les diagrammes, les nombres cabalistiques.
Il se détache du tronc chrétien par la branche mère de Saint-Jean et forme comme un Néo-Christianisme par la haute Idée génératrice du Paraclet.
Alexandrin d'inspiration, il se distingue du Néo-Platonisme en rejetant toutes les mythologies, les traditions orphiques, homériques, olympiennes, pour se rattacher, par Saint-Jean, au Christ. L'Evangile de Jean est, pour lui,"le Livre porté par l'ange au Zénith du Ciel" ; -
Il se sépare de François d'Assise, comme de Joachim de Flore, par sa dogma-tique alexandrine, et son invincible horreur de Rome, les hideuses procé-dures de l'Inquisition, la mort des hérétiques proclamée dès Léon 1er en 447, la honteuse condamnation de la pensée libre par les grands théologiens catholiques, dont le modèle, net et clair, nous est fourni par Thomas- d'Aquin.
Ce qu'lls adoraient, c'était le "Mani", ou l'Esprit Saint. Mané-isme n'est pas synonyme de Maniché-isme. Que d'erreurs tragiques a causé cette confusion voulue ! C'est tout le drame Cathare !

Un Christianisme transcendant


Les Cathares étaient les disciples de Saint Jean et les descendants des Sept Eglises dAsie, auxquelles le prophète de Pathmos adresse son Apocalypse (Synode de Caraman, 1167).
Ils prétendaient donc être de la plus haute lignée évangélique, de la plus docte et lumineuse filiation chrétienne. C'est ce qu'exprime le mot "gnostique", orthodoxe encore au IIème siècle, du moins à Alexandrie (Clément d'Alexandrie) et en Orient, et synonyme de Christianisme spéculatif et transcendant, opposé au Christianisme vulgaire traditionnel et catholique.
Les Gnostiques élaguèrent largement les Evangiles judaïsants, et ne conservèrent d'intacts que les écrits johannites. Leur interprétation est toute mystique, elle réclame la réalisation du Christ intérieur. "Pensée du Christ, brûlée sur l'autel alexandrin de Platon, le Catharisme formait une sorte de théosophie qui s'échappait des Evangiles, comme un parfum, par le haut, par l'idéal, par l'infini".

Le "Manéisme"


Par ce terme, Gadal entend la " Religion de l'Esprit " (Mani, Manas, Mens, désignent le Penser supérieur, l'Esprit). C'est la Religion d' Hermès, le Mercure latin. Dans l'enseignement "hermétique", l'accent est mis sur le Penser Supérieur qui est l'Âme divine : Seule l'âme, née dans le cœur, se lie à l'Esprit.
Elle "connaît" Dieu. Elle sert Dieu par la Raison éclairée. Seul l'Esprit, descendu dans l'âme, sauve l'être humain.
Cette religion de l'Esprit était déjà connue et pratiquée par les chrétiens gnostiques évangéliques du IIIème siècle : Montan, Tertullien, Novat, Novatien et le fameux Marcion né à Sinope du Pont.

Deux courants spirituels se rencontrent …
D'après A. Gadal, l'Occitanie fut le terrain de rencontre prédestiné du courant chrétien d'origine bogomile, introduit en Occident par les "boulgres" marchands (dont Paul l'Arménien) au Xème s., avec le courant pyrénéen venu d'Espagne.
Ce courant espagnol vît le jour sur les rives orientales de la Méditerranée dès le 1er siècle. Il se fortifia à Alexandrie au contact du Néo-Platonisme de Plotin et d'Origène.
Puis ce courant spirituel de la "Mani" gagna l'Afrique du nord avec Marcos de Memphis et Faustus de Milève (auquel s'opposa Augustin, transfuge du "Manichéisme" dont il ne put pénétrer les aspects intérieurs).
Vers l'an 300, Marcos l'apportait à l'Espagne. Priscillien, évêque d'Avila en fut le plus ardent propagateur jusqu'en Europe du Nord. C'est le mystérieux Vigilance de Caliguris qui le transmit à l'Occitanie vers l'an 400.
Les missionnaires "boulgres" (bogomiles), venus de Bulgarie ont dû trouver le Manéisme - que l'on pourrait aussi appeler "Christianisme johannite" - déjà fortement implanté en Occitanie depuis six siècles. Ces contacts avec le Bogomilisme furent d'ailleurs pour les Cathares occitans un élément catalyseur important. Nicétas de Constantinople vînt en Occitanie et contribua à structurer le sacerdoce cathare.

Le Manéisme, de son essence même, est antérieur à l'esprit dogmatique du concile de Nicée.
"On peut considérer avec raison le Manéisme aquitain- ou occitan- (baptisé plus tard, Albigéisme) comme une évolution nouvelle du Christianisme et comme son épanouissement définitif, sa subtilisation suprême et céleste"
.

Le Paraclet est le Consolateur promis par le Christ
"Si le Mosaïsme est la religion du Père (de Jéhovah), si le Christianisme est la religion du Fils (de Jésus), le Catharisme est la religion de l'Esprit (du Paraclet). Comme le Christianisme se dégage du Mosaïsme par le Verbe, le Catharisme se dégage du Christianisme ecclésiastique par le Paraclet".


Selon le christianisme des églises, le genre humain est sauvé par le Fils. Croire en Lui, apporte le Salut. Dans le Catharisme, le Salut procède du Paraclet, du Consolateur. C'est lui, l'Esprit Saint, qui réveille l'âme de son sommeil d'ivresse dans la matière, la dirige vers sa mission première et lui donne le désir de l'absolu, de Dieu.
Ecouter la Parole, c'est alors se savoir porteur de Etincelle de Lumière du vrai Dieu et la faire croître comme la Force du Fils.

L'Eglise cathare : une Eglise " paraclétienne":


"Le Catharisme, qui revendiquait sa mère, l'Eglise chrétienne, méconnaissait la synagogue juive. Celle-ci avait expulsé l'Eglise chrétienne comme trop intellectuelle. l'Eglise chrétienne, devenue catholique, expulsait à son tour l'Eglise Cathare comme trop spirituelle, trop idéale… De sorte que l'Eglise Cathare, qui prétendait encore légitimement au titre de chrétienne, devrait plutôt, après cette évolution, porter le nom de "Paraclétienne". Elle est l' "Eglise de la Consolation", pure et purificatrice, sainte et sanctifiante, consolante et consolée dans l'exil du monde. Elle est la Consolation de l'univers : elle dédaigne le monde, abhorre le sang, éteint l'enfer, convertit Satan, proclame le Salut Universel."

"Par cette évolution hardie, le Catharisme peut être considéré comme une nouvelle religion qui s'échappe de l'Eglise comme le papillon de sa chrysalide. Cette transformation, qui fut son infortune éclatante dans le Passé, doit être dans l'avenir sa gloire funèbre".


Une religion de l'Esprit


"La religion de l'Esprit Consolateur et Purificateur, aussi ancienne que la douleur et le mal, dont elle veut guérir les blessures, remonte aux premiers jours du monde. Avant le Christ, elle projeta ses rayons sur les Brahmes de l'Inde, les Mages de Perse, les Esséniens de Judée, chez les Grecs, chez Pythagore et Platon. Après le Christ, chez tous les Gnostiques, c'est de Platon qu'elle procède pour la Pensée, et de Pythagore pour la Morale, conservant, dans l'Orient d'en Haut, son rayon vierge : rayon céleste et lampe grecque".


Hiérarchie


"Les premiers "Amis de Dieu" formaient une fraternité égalitaire, professant le sacer-doce universel. Plus tard, les persécutions amenèrent les Cathares à s'organiser ; Trois degrés se formè-rent dans l'égalité primitive : le Noviciat, la Perfection, le Sacerdoce. Le diaconat monta en épiscopat, et l'épiscopat s'épanouit en patriarcat. Là s'arrêta sa hiérarchie qui, désormais, conserva le monopole du patriarcat. Cette aristocratie patriarcale ne donna jamais l'image d'une monarchie théocratique. Elle ne versa, à aucun moment, dans le rêve de Manès, qui enveloppait le monde entier dans son projet de théocratie universelle. Le Catharisme py-rénéen fut dans son essence trop spiritualiste, pour incarner le Paraclet dans un homme : Son Pape, c'est l'Esprit ; son Vatican, c'est le Ciel !"

"Pas de verbe scellé dans la Bible. Pas d'Ecriture enchaînée dans le Temple. Pas de Dieu captif dans le Tabernacle. Pas de prêtre geôlier de Dieu. Pas de Pape concierge du Ciel et de l'Enfer. Pas de servitude et de mort de l'Esprit !".

La grande révolte de la Gnose


"Dieu a sauvé deux fois le monde du matérialisme et de la corruption, par la révolte immense de la Gnose : les mystiques, les gnos-tiques, les solitaires des déserts, les grands penseurs des Cavernes. Il souleva les Cathares, les Léonistes, les Spirituels de Narbonne et de Calabre contre les croyances et le dogme non raisonnés :
C'étaient les Eglises proscrites de Saint-Jean et de Saint-Paul.
Ce sont les Templiers, les Cathares puis plus tard les Rose-Croix, frères de la Fraternité Universelle, qui élevèrent le Temple de l'Esprit ; La grande " Mani" d'Aquitaine."


Les pionniers


Gadal aimait à citer ces hommes, véritables pionniers en leur temps de l'Eglise de l'Esprit, poursuivant sans relâche leur tâche de " pêcheurs d'hommes", ouvrant d'en bas le chemin de la renaissance de l'Esprit, souvent proscrits, persécutés et trahis mais jamais découragés.
"Nous avons encore, et déjà depuis l'an 140, d'autres chefs spirituels : le grand Origène, Marcos de Memphis (dès l'an 300), Priscillien d'Avila, Félix de Urgel, Paul d'Arménie, Erigène d'Irlande, Lisois d'Orléans, et aussi Nicétas de Constantinople, venu organiser le Catharisme pyrénéen face aux persécutions. Le Catharisme parvint en Occident, sous sa forme pure, avec Marcos de Memphis avant l'an 350. Son élève favori, Priscillien d'Avila, le répandit dans toute l'Espagne, la Gaule, l'Angleterre, la Belgique, la Suisse, la Hollande, l'Allemagne, jusqu'en 382. C'est à cette date qu'il fut décapité à Trêves (Allemagne) à l'instigation d'évêques catholiques".

Il fut le premier martyr hérétique.
Ses grands disciples espagnols Elipand, archevêque de Tolède, et Félix, évêque d'Urgel, (Andorre et Sabartez), - que l'on retrouve sur les mêmes che-mins qu'avait empruntés Priscillien (de 788 à 800) à Narbonne, à Ratisbonne, à Francfort, à Aix-la-Chapelle - poursuivirent sa prédication.
Plus tard Joachim de Flore produira son "Evangile Spirituel" qui eut également une profonde influence sur l'évolution de la pensée religieuse.
Tous vivifient un courant spirituel dont va s'inspirer le Catharisme. .

Races et peuples antiques


L’Aquitaine est le territoire compris entre la Loire, les Alpes, la Méditerranée, les Pyrénées et l’Océan. La souche antique du peuple aquitain sont les Askes, Gaskes, Euscariens, Euskes, Volskes, Vaccéens, partis de l’Himalaya deux mille ans avant le Christ. Le Caucase, l’Ide, le Taurus, le Liban, l’Atlas sont les jalons de granit de leur migration vers l’Occident (La Bible nous renseigne sur leur patriarche Askénas, fils de Gomer, petit-fils de Japhet - X, 3).
L’illiade nous parle d’une autre Askénas, le héros Ascanios (II, vers 862) L’Ascanie était alliée de Troie. L’Ibérie, l’Ascanie, furent leur terre, Ascalon fut leur ville, Askéra leur déesse. De l’Atlas, ils envahirent l’Espagne, l’Ibérie occidentale. Des Pyrénées ils débordèrent sur l’Aquitaine, la Gaule, l’Italie, les îles de la Méditerranée et de l’Océan. L’Irlande est une Ibérie ; l’Ecosse, une Ascanie du nord ; ils nomment Albion, la maritime ; En Italie, Ascanios fonde Albe, mère de Rome ; mais déjà Gascus, fils des Volcans, habite les cavernes de l’Aventin, et combat Hercule, ravisseur des vaches ibères (Enéïde : VIII).
Les Askes sont adorateurs du feu du soleil. Le rite héliaque les conduits au Culte de Verbe et de l’Esprit. Leur Christianisme est sans sacerdoce officiel. Le père est le prêtre, le patriarche est le pontife ; point de théocratie.

Marcos de Memphis


Dès le IVème siècle, et par le même chemin des Askes, arriva Marcos (ou Marc) de Memphis, avec le culte de l’Esprit qui suivait le char du soleil. (Sulpice Sévère - II, 40 -51).
Marcos était Alexandrin, un descendant d’Origène. Il se réclamait des "sept Eglises d’Asie". Son Patriarche était Jean de Pathmos (Saint Jean), et aussi Barthélemy, apôtre de Perse et de l’Inde. Sa filiation spirituelle remonte à Montan, 141 après J.C. C'était l’Eglise de l’Esprit, du Mani (Mens, Manas : Esprit) et de la Connaissance (Gnosis), l’Eglise de l’Amour, du Paraclet, un rameau pur, épuré, de la grande forêt du Gnosticisme.

Les disciples espagnols


Marc de Memphis porte sa doctrine en Espagne, Priscillien, évêque d’Avila, son disciple, la transmit à l’Aquitaine. Priscillien, poursuivi par la haine de deux évêques intrigants, Idax et Didax, fut décapité à Trêves, en Allemagne, par le tyran Maxime. Sa mémoire fut défendue par Saint Martin de Tours, et ses cendres ramenées triomphalement, au milieu des prières et des cantiques, en Espagne (382).
Peu après la mort de Priscillien, Vigilance de Caliguris, visita l’Italie, la Palestine, l’Egypte et eut des contacts avec Sulpice Sévère, Paulin de Nole, saint Jérôme, Exupère de Toulouse. Il prêche sa réforme paulinienne dans les Pyrénées. Il disparaît dans l’insurrection des Bagaudes.
Priscillien et Vigilance disparaissent, mais leurs églises se maintiennent sous les Barbares. Elles s’accroissent de la ruine des Goths et deviennent l’âme religieuse des Pyrénées. Elles s’incarnent dans les "Jaounas' Cantabres de Toulouse. ("Jaoune", nom donné au seigneur, chef des Basques-Euskes, Ibères des Pyrénées). Les "Jaounas" luttent contre Charlemagne qui veut “imposer le catholicisme”, provoquent le drame de Roncevaux et empêchent, durant cinq cents ans, les évêques carolingiens de s’établir au pied des Pyrénées.
En l’an 1000, ces églises existent encore. Les disciples de Marc et de Priscillien avaient agrandi “leurs communautés”. Certains même avaient repris les chemins de la Gaule et de l’Allemagne que Priscillien avait jalonnés: tel Félix, évêque d'Urgel, pris par Charlemagne à Aix-la-Chapelle, en l’an 800.
En 1.008, le Priscillianisme monte sur les bûchers d’Orléans, avec Lisois, diacre d'Orléans. Le "Vigilantianisme" se poursuit avec Gandolfe au Synode d’Arras (1225).
Plus tard nous trouvons Nicétas, évêque de Constantinople et Valdo (initiateur du Valdéisme). Tous se réclament de l'Apôtre Jean ; Leur généalogie reste Pathmos et Jérusalem.

Manéïsme


L’Albigéïsme, nom consacré par les Croisades, est donc un rameau de l’Eglise de Mani et du Paraclet. (Mani, Mens, Spiritus ; d'où Manès, Manichée, Manichéens). Il ne faut pas confondre, comme l’ont fait à dessein les Conciles qui voulaient en finir avec Cathares et "Albigeois", Manéime et Manichéisme.
Marc de Memphis, Paul l'Arménien, ne sont pas disciples de Manès. Ils sont issus du Catharisme de Montan (140), passé par l’Ecole d’Alexandrie où, nous l'avons vu, la plus transcendante théosophie du monde grec, rencontrant les plus vastes synthèses religieuses du monde indien, viennent enrichir le Christianisme à ses origines.

Un même rameau


La grande route de ces mouvements spirituels passe par l’Ibérie (Espagne), par les Pyrénées et l’Andorre ; elle gagne le Sabarthez (Haute Ariège) où les 52 grottes et cavernes abriteront très vite croyants et proscrits et serviront de centre d’initiation aux "Parfaits, Purs ou Bonshommes", prêtres Cathares.
Les anciens Cercles druidiques, que les Celtes mêlés aux Ibères (les Celtibères), avaient installés sur les plateaux pyrénéens, reçurent les premiers apôtres gnostiques.
Voilà pourquoi chaque plateau haut perché du Sabartez a vu l’éclosion d’une nombreuse famille issue du même rameau de l’Esprit :
Cathares dans la vallée de l’Ariège, Rose-Croix dans la vallée de Sem, Templiers du Graal, plus tard, dans la vallée de VIC DE SOS et le château de Montréal-de-Sos.
Les trois églises d’initiation des Parfaits, Ussat-Ornolac-Bouan, et Lombrives, la "Cathédrale des Albigeois", ouvrent encore leurs vastes galeries aux visiteurs remplis d’admiration.
L "Empire d'Amour" dans la tourmente Toulouse devient la ville sainte, pure mais elle ne donnera pas son nom au Catharisme aquitain : cet honneur revient à Albi. Le Concile de Lombers (1166) condamnera, sous le nom d’Albigeois, toutes les sectes qui s’écartaient du dogme romain. On parle alors de la "Croisade des Albigeois", pour couvrir le but poursuivi : l’anéantissement du Catharisme pyrénéen, du Manéisme aquitain !
De ce grand territoire aquitain, au cours des horribles épisodes des croisades, naîtra une guirlande de femmes éblouissantes : Lampagie d’Aquitaine, Esclarmonde de Foix, Alasaïs de Carcassonne, Indie d’Alep, Mélissande de Tripoli ; et à côté, leurs frères, les paladins de l’Esprit, les chevaliers du Consolateur : Ramon-Roger de Foix (surnommé le Roland Cathare !), Roger Bernard (dit "le Grand"), Loup de Foix, (le Prince de la Maison comtale de Foix qui devînt "Parfait").
Des Hauts Lieux surgiront de cette période : Béziers, Minerve, Lavaur, Montségur, le Sabarthez !
Les lourds Capétiens, avides et soumis à l'église romaine, juguleront, de leur main de plomb, l’Aquitaine ingénieuse, poétique, chevaleresque, amoureuse de l’idéal.
L’empire d’Amour d’Occitanie sera recouvert, pendant des siècles, d’un manteau d’oubli. Mais le Saint Graal vivra ! . Son éternel chemin en Christ, conduit sur les traces des aïeux : de leurs cités et de leurs manoirs, de leurs sépulcres et des grottes des "Saints" ; dans les forêts des malheureux "raidit des bois”, les champs de bataille, la route des Croisés ; la terre …et le ciel : Incorruptibles témoins ! ...
"Dieu est Amour !" Leur beau cri est resté gravé sur toute la terre Occitane.



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