L'OEUVRE ET SA CONTINUATION



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GRAAL, CATHARES ET ROSE-CROIX


Dans les années qui suivirent la fin de la guerre, Gadal se trouva seul face à la tâche qu'il voulait accomplir. Ceux qui l'avaient accompagné dans ses recherches avaient disparus : Otto Rahn était mort, Walter Birks avait abandonné la partie. Déodat Roché suivait une tout autre approche, plus intellectuelle, inspirée de l'Anthroposophie. Beaucoup de ses amis s'étaient dispersés.
L'important pour Gadal n'était pas seulement de raviver dans l'opinion publique l'éclat terni des grottes mais de montrer le rôle essentiel qu'elles avaient joué dans la formation spirituelle du Catharisme pyrénéen.

Chaînon de liaison


Ce n'est pas tant le passé cathare que Gadal veut faire renaître mais c'est de trouver ici-bas le chaînon, encore manquant, entre l'héritage initiatique des Cathares et l'actuel présent. Gadal aspire à trouver dans ce monde des êtres qui pourrait former ce chaînon de liaison avec le riche passé spirituel cathare ; des hommes et des femmes spirituellement sensibles et aptes à recueillir ce "trésor" intérieur, immatériel, des Cathares et à le vivifier dans le présent. De véritables héritiers, conscients de leur héritage !
Il existait certainement, en France ou ailleurs, des hommes à l'esprit large, que les qualités d'âme et la sagesse avaient rendus conscients de l'Unique Vie Universelle ; des êtres qui aspiraient à ce trésor impérissable de Lumière et aimaient assez l'humanité pour entreprendre de le lui faire connaître. A.Gadal finit par les rencontrer. Il s'agissait d'un homme et d'une femme d'origine hollandaise : Jan Leene et Mme H. Stok-Huyser. Ils avaient fondé aux Pays-bas une Ecole de pensée, une fraternité gnostique, la "Rose-Croix d'Or".
Cette rencontre historique eut lieu en 1956, à Albi, dans le "jardin des roses", vaste cour fortifiée d'un bâtiment seigneurial donnant sur le Tarn. Cette rencontre scella en même temps l'alliance de la Fraternité du Saint Graal, des Cathares et de la Rose-Croix.
Le fil d'or du passé, du présent et de l'avenir Toutes les fraternités gnostiques sont reliées entre elles comme par un fil d'or ; c'est le fil d'or de la Gnose qui lie passé, présent et avenir.
A leur époque, confrontées aux mêmes interrogations sur la vie, aux mêmes aspirations, ces fraternités firent toutes les mêmes découvertes, parcoururent le même chemin et eurent accès au même "Trésor spirituel", à la même source.
Chaque fraternité gnostique, vouée à la délivrance des hommes, rassemble sa moisson d'âmes mûres et l' invite à entrer dans le Champ de Vie divin de l'origine. Chacune devient ainsi une pierre dans la construction du Temple universel.
Gadal aimait parler de ce Temple Universel de l'Esprit, de cette Fraternité Universelle dont le Christ est le principe central et l'unique tâche, le sauvetage des hommes :
"L'Eternel Amour ne peut périr ! … Les pèlerins de l'Amour divin, les fidèles du Messianisme, n'ont pas oublié les lieux où Cathares, Rose-Croix, Templiers, Parfaits gardiens du Temple de l'Esprit, de la belle Fraternité Universelle, ont tant souffert et lutté. Gnosis, Gnose. Egypte, Inde, Grèce de Périclès, Grèce alexandrine, Pythagore, Platon, Jésus, Dante, Gnose sarrasine, pour revenir définitivement en Europe, avec les Cathares, les Rose-Croix, les Templiers du Graal. Il y a là toute une série de maillons à relier les uns aux autres. C'est toujours la même pensée au travail, une pensée religieuse identique, qu'on retrouve et qui s'est poursuivie sous des symboles différents."


LA " TRIPLE ALLIANCE DE LA LUMIERE "


En Occident, la Triple alliance de la Lumière a toujours existé : Graal, Cathares et Rose-Croix, triple manifestation de la force divine au service de l'humanité.


Une synthèse magique


Ces trois aspects d'un même courant spirituel chrétien ont toujours étroitement collaboré entre eux ; ils veillent à l'exécution du travail de délivrance entrepris de façon dynamique par la Fraternité Universelle. Un tel travail ne s'interrompt jamais.
Les "Parfaits" du sacerdoce cathare sont brûlés au pied du Pog de Montségur en 1244.
"Après sept cents ans, les lauriers refleuriront !", S'exclame un troubadour, témoin du terrible événement.
Les Templiers sont aussi exterminés ; les Mystères cathares et templiers n'en sont pas moins sauvegardés. La Rose-Croix attend la période propice pour faire refleurir l'héritage cathare et poursuivre l'œuvre entreprise.
La "Triple Alliance de la Lumière" est la synthèse "magique" de l'Enseignement libérateur contenu dans le Christianisme.
La Rose-Croix apporte la connaissance de Dieu, de l'homme et du Chemin : la Science Originelle. La Fraternité des Cathares apporte l'amour en tant que force de réalisation de la nouvelle unité des âmes : la Religion Fondamentale.
La Fraternité du Graal veille à l'accomplissement du travail : l'Art Royal de la Construction intérieure.

"La Quête doit être sans cesse renouvelée"

Antonin Gadal se trouve à la charnière d'une nouvelle Quête du Graal qui commence vers 1930 avec quelques chercheurs et se poursuit dans la "triple Alliance de la Lumière", dans ces mêmes vallées qui ont vu s'épanouir le Catharisme.
Chercheur infatigable, protecteur des sanctuaires cathares, gardien de la tradition initiatique des "purs", Gadal est à la fois l'ermite Trévizent, le Parfait, détenteur des secrets intérieurs de la Quête, et guide pour les chercheurs de Vérité, nouveaux Perceval :
Il leur indique les phases de la Quête jusqu'à l'ultime degré représenté par Galaad dans le récit arthurien de la "Quête". Galaad est le chevalier céleste, qui vainc sans arme ni bouclier, et finit par s'identifier au Graal ; Galaad, exemple de la Perfection de Celui qui est

"dans ce monde, mais plus de ce monde".

Est-ce un hasard si le nom même de GALAAD est l'exact anagramme de son propre nom : A. GADAL?

Rencontre


Est-il étonnant qu'à un moment précis, les chemins de Gadal et de la Rose-Croix d'Or viennent à se croiser ? Leur rencontre n'est pas fortuite. Elle s'inscrit dans les lignes de force du travail de la

"Triple Alliance de la Lumière".

J. Leene et H. Sok-Huyer avaient aussitôt reconnu Gadal comme celui qu'ils recherchaient aussi depuis longtemps, un homme à la "ressouvenance", doté d'une grande maturité d'âme et conscient de sa mission :
"Il nous manquait le contact direct avec un ami qui serait en même temps notre frère aîné, et qui nous parlerait donc à partir d'une expérience plus riche, de la Gnose ancienne, présente et future, qui, au plus profond, est toujours une et semblable"
- dira H. Stok-Huyser.

Gadal reconnut dans ces deux êtres des cohéritiers et des continuateurs de l'Oeuvre gnostique. C'est à eux qu'il confia l'héritage spirituel des Cathares. J. Leene et H. Stok-Huyser prirent le nom de Jan van Rijckenborg et de Catharose de Pétri.
La transmission spirituelle du "trésor cathare" pouvait maintenant avoir lieu.
Cette rencontre incorpora de fait une jeune fraternité gnostique, la Rose-Croix d'Or, à la fraternité précédente du Moyen Âge, celle des Cathares, par l'intermédiaire de son vieux "patriarche", Antonin Gadal.

QU'EST-CE QUE LA ROSE-CROIX D'OR ?


Quelle était donc cette Ecole spirituelle à laquelle Gadal s'était joint et dont il accepta plus tard de présider la section française ?
(Il devient le premier président de l'Association Lectorium Rosicrucianum France, nom officiel que prît la Rose-Croix d'Or).
La Rose-Croix d'Or prît naissance aux Pays-bas en 1924, à Haarlem - d'où son nom de "Rose-Croix de Haarlem". Haarlem fut, comme Amsterdam, une ville refuge qui, dans le passé, accueillit de nombreux "hérétiques", pourchassés dans leur pays. Les lieux même où cette Ecole s'installa, dans la vieille ville de Haarlem, virent la présence de groupes spirituels, apparentés aux Cathares.
Les Rose-Croix du XVIIème siècle, nombreux aux Pays-bas, voulaient redonner au Christianisme, défiguré par des siècles d'ignorance et de compromissions, sa profondeur initiatique et sa force de réalisation intérieure.
Issue de ce courant spirituel qui proposa à l'Europe une synthèse spirituelle entre foi et raison, entre science et expérience religieuse
( et d'où émergent les noms de Jacob Böhme, J.V. Andreae et Comenius, Eckartshausen etc…),
la Rose-Croix d'Or n'est pas un de ces cénacles d'ésotéristes, férus d'occultisme, au titre ronflant et à l'ascendance extraordinaire.
Discrète, elle ne poursuit aucun but matériel dans ce monde et n'envisage pas non plus de développement occulte, mystique ou une extension de "pouvoirs paranormaux".
Elle s'est donnée pour unique tâche de conduire ceux qui le veulent vraiment à l'état d'Homme Vrai, selon l'exemple christique, à la "renaissance de l'âme" et à sa "résurrection" dans le Champ de vie originel : le Royaume de la Lumière. Elle enseigne donc le processus qui y conduit.
C'est accomplir la mission évangélique : "J'ai dit : vous êtes des Dieux !" . "Ce que j'ai fait, vous le ferez aussi, et des choses plus grandes encore !". "Soyez Mes imitateurs !".
Les Rose-Croix estiment que la réalité intérieure du Christianisme est encore à découvrir. Comme leurs prédécesseurs cathares, ils œuvrent dans le monde, afin de témoigner de cette Religion universelle, détachée de tout dogme, tout fanatisme et illusion.

LE TRESOR LEGENDAIRE


Toutes les fraternités gnostiques, au service du travail de délivrance des hommes, puisent à un "trésor" impérissable et l'enrichissent de leurs propres forces et expériences du chemin.
Ce "trésor" immatériel est la force-lumière du monde des âmes vivantes, du Monde Originel. Gadal le nomme le "Saint Graal".
Chaque fraternité doit transformer cette Lumière universelle, en libérer la force et l'adapter à l'état intérieur de l'homme qui cherche la vraie vie. Cette Lumière devient alors "pain de vie", "nourriture sainte".
C'est le remède suprême capable de transformer le plomb de la nature en or de l'Esprit. C'est là que se trouve la pratique de l' "Art Noble", la guérison absolue, le secret des gnostiques. Là se trouve l'origine des nombreuses légendes sur l'Or des Rose-Croix, le "trésor" des Cathares ou des Templiers, l'élixir de vie, la Pierre Philosophale.

Trésor matériel et immatériel


A chaque époque, le "trésor immatériel", ce Saint Graal est rendu accessible aux chercheurs sous formes d'écrits, de livres et de rituels qui constituent le "trésor matériel".
A partir d'une connaissance de première main, puisée à la source spirituelle, les Cathares purent, en leur temps, formuler un enseignement et définir leur méthode de travail pour les hommes de leur époque. Les Cathares rédigeaient leurs écrits, leurs mythes et leurs rituels.
Ils exerçaient ainsi une grande influence sur les peuples et les pays qui reconnaissaient toujours en eux les "bons chrétiens".

UN NOUVEAU ROYAUME


Gadal écrivait aux fondateurs de l'Ecole de la Rose-Croix d'Or, en 1956 :
"…Dans les deux vallées de l'Ariège et du Sos, dans les immenses espaces de la Montagne sacrée d'Ussat, vivaient les Fraternités gnostiques qui nous sont si chères : les Rose-Croix, les Cathares et les Templiers. Quel bonheur régnait dans ces communautés idéales ! L'Occitanie, le midi de la France devint tout naturellement un royaume d'Amour. "Dieu est Amour !" était l'une de leurs paroles chères. Ce royaume conduisait à la Fraternité Universelle. Dans ce royaume, aucune hostilité, mais, malheureusement, ce royaume suscitait contre lui une cruelle animosité".

Le Catharisme, exemple d'une haute spiritualité pour notre temps
Le Catharisme forma en Europe, au Nord de la Méditerranée surtout, comme une couronne civilisatrice inspirée par le "pur amour chrétien".
Les Cathares tentèrent en effet d'instaurer des conditions spirituelles propices à la pratique d'une vie sanctifiée, fondée sur les valeurs chrétiennes profondes :

Ils eurent une influence civilisatrice et réconciliatrice certaine.
Par leur vie d'abnégation et d'amour, ils ouvrirent la voie la plus rapide à la réalisation du "Christ en l'homme".
On peut dire que les valeurs de l'Esprit et de l'âme, illuminèrent ces contrées pendant deux siècles et furent reconnues dans toute la société. Elles se sont exprimées dans les valeurs du "Partage", chères aux occitans de la période raimondine :


La Lumière brille à nouveau !


On vit dès le XIIème siècle, les hordes fanatiques de l'église extérieure tenter de détruire l'Eglise intérieure.
Mais celle-ci déposa un ferment dans la terre, au cœur de l'homme, au cœur du Moyen Âge, un ferment de nature alchimique. Elle imprima, dans l'éther du monde, une trace lumineuse, une ldée sublime universelle, comme une étoile scintillante au firmament de l'humanité.
Les siècles passent, les conditions cosmiques et spirituelles changent… et, un jour, le chemin qui mène au "trésor caché dans le champ" peut être à nouveau dégagé …
La semence de Lumière déposée au cœur de l'homme s'éveille alors et croît.
Chaque époque engendre ses forces d'éveil et suscite, du milieu des hommes, ses "Héros de l'Esprit", ses pionniers de l'humanité. Ces derniers n'ont de cesse d'éveiller les hommes et de tracer pour eux de nouveaux chemins, le long desquels la renaissance de l'Etre immortel peut être célébrée en ceux qui y aspirent.
Les "frères aînés" de l'humanité Ces pionniers ne travaillent pas seuls ; ils sont aidés, soutenus par la Fraternité de la Vie.
Ce dont témoignent ces paroles :
"Ces Frères Aînés de l'humanité attendent un puissant éveil qui pourrait traverser le monde comme une tempête. Ce réveil demandera un renouvellement total de la vie, une "imitation de Christ", mettant ainsi un terme à la vie centrée sur le moi et axée sur la terre. Le Grand Œuvre se poursuit afin de pouvoir démontrer à tout homme jusqu'où, dans la nature, s'étend son "Art", ses pouvoirs intérieurs, ce dont il est capable grâce aux forces divines implantées en lui. Ces forces lui révèlent le Plan de Dieu, qui, tel une forme-pensée divine, rayonne comme une source de lumière".


Le monument "Galaad"


Dans les antiques traditions initiatiques, la pierre cubique a toujours symbolisé l'Oeuvre à réaliser.
De "pierre brute", le candidat aux Mystères se taille lui-même en "pierre cubique", en 'pierre philosophale". Sur ce "carré de Construction", l'Âme-Esprit établit son règne dans l'Homme devenu parfait. C'est la Perfection de l'Homme-âme-Esprit.
Il existe à Ussat-les-bains, dans la vallée de l'Ariège, un monument cubique de granit, entouré d'un cercle de pierres et comportant sur l'une des faces, l'inscription gravée :
La Triple Alliance de la Lumière Graal, Cathares et Croix aux Roses

Au-dessus de ce cube, une table autel de pierre (trouvée par Gadal dans la grotte de Bethléem), repose sur trois autres pierres.
Témoignage symbolique de la Triple Alliance de la Lumière, ce monument est la preuve visible, non seulement de l'existence d'une antique fraternité gnostique, celle des Cathares, mais aussi de celle d'une fraternité gnostique, vivante et active aujourd'hui.
Par cette pierre du Témoignage (le nom "Galaad" veut dire : "rocher du témoignage", preuve visible d'une rencontre entre Dieu et l'homme consacré), passé et présent se rejoignent.
Le travail de libération entrepris par la Fraternité de la Vie se poursuit ; la "Quête du Graal" est sans cesse renouvelée, grâce à ceux qui le protègent.

Conquérir la Lumière !


Gadal écrivit ceci dans une courte brochure sur l'initiation :
"La clarté spirituelle n'a jamais été formulée en doctrine. Elle n'est consignée en aucun livre. Elle ne se communique point comme la flamme d'un flambeau. Notre esprit n'est pas une lampe que l'on allume artificiellement, mais c'est un foyer qui, de lui-même, doit vaincre l'obscurité, afin que, cessant de couver sous les cendres, il puisse librement flamber et rayonner. Enseigner à conquérir la Lumière, tel est l'objet de l'initiation proprement dite".

Graal, Cathares et Rose-Croix : "les Mystères sont révélés !"


Texte de Gadal:
Golgotha
"La scène du Golgotha est le dernier terme de la vie du Christ, le sceau posé à sa mission, et par-là le Mystère le plus profond du Christianisme. Malgré les déchirements du supplice, il reste le Messie. Il pardonne à ses bourreaux, il console le larron qui a conservé sa foi.. Pour vider son calice, il faut qu’il en vienne à ce sentiment d’esseulement final qui lui fera dire : “Mon père pourquoi m’as-tu abandonné ? .....” Jésus est mort....... Il ne reste de lui que le cadavre " pendu au gibet”, mais dans le monde astral et dans le monde spirituel, éclate “un éclair de lumière” suivi “d’un coup de foudre” D’un seul bond, l’Âme du Christ a rejoint son aura solaire.
Et dans le Temple d’Hérode, le voile splendide qui cache le tabernacle s’est rompu de haut en bas "au moment où Jésus expirait". Dans le sanctuaire, “l’arche d’or flanquée de ses Chérubins en or massif”, s’est livrée aux yeux profanes ; le grand pontife lui-même ne doit y pénétrer qu’une fois l’an. Quel sens profond a ce signe !
L’image du Chérubin au coeur de lion, aux ailes d’aigle, à tête d’ange, est semblable à celle du Sphinx : elle symbolise toute l’évolution de l’âme humaine, sa descente dans la chair, son retour à l’Esprit. Grâce au Christ, le voile du sanctuaire s’est déchiré, l’énigme du Sphinx est résolue !......

Désormais le Mystère de la Vie et de l’Evolution est ouvert à tous ceux qui osent et qui le veulent.

Mystères antiques et mystères chrétiens


Rappelons-nous maintenant, le fait capital de l’Initiation égyptienne (qui deviendra plus tard celle des Purs, des Parfaits dans le Catharisme pyrénéen):
L’Initié passait trois jours et trois nuits dans un sarcophage. Pendant ce temps, il accomplissait son voyage dans l’autre monde, selon son degré d’avancement. Comme il s’en souvenait à son réveil, et qu’il avait visité d’avance l’empire des morts, il était comme ressuscité et "deux fois-né", selon le langage des Temples. Le Christ, lui aussi (comme Jonas dans le ventre de la baleine), accomplit son voyage cosmique, pendant sa mise au tombeau, avant sa résurrection.
Ici encore, il y a parallélisme entre l’Initiation antique et les Nouveaux Mystères apportés au monde par le Christ. Parallélisme, mais aussi élargissement immense : Car le voyage astral d’un Dieu, ayant passé par la mort terrestre, devait être d’un autre genre et d'une portée bien plus vaste que la timide bordée d’un simple mortel dans le royaume des morts, sur la barque d’Isis. (Cette barque était en réalité le propre corps éthérique de l’Initié, arraché par le Maître au corps physique).
Christ montra à ces âmes éperdues les routes célestes, tout comme le "deuxième cercle de l’Enfer de Dante".

Résurrection


Ainsi la mission du Christ devait illuminer et élargir la vie après la mort, comme il avait élargi et illuminé la vie sur terre ! Mais l’essentiel de cette mission était de faire entrer “la certitude de la résurrection spirituelle dans le coeur des Apôtres qui devaient répandre Sa pensée par le Monde”. Après être ressuscité pour Lui-même, il fallait qu'Il ressuscite "en eux" et "par eux", et faire planer ce fait sur toute l’histoire future.
La résurrection du Christ devait être le gage de la résurrection des âmes pendant cette vie, comme de leur foi dans l’autre. Cette foi ne s’empara pas brusquement des Apôtres, elle devait s’insinuer en eux comme une voix, persuadée par l’accent du coeur, comme un souffle de vie qui se communique. Les apparitions du Christ se graduent pour produire des effets de plus en grands :


Adieu solennel du Maître!


Plus tard, une fois encore, le Christ apparaîtra d’une manière exceptionnelle à son adversaire Paul, sur le chemin de Damas, afin d’en faire son plus fougueux défenseur : D’une clarté victorieuse, de cette vision et de cette parole foudroyante, sortira la mission de l’ "Apôtre des Gentils" qui convertira au Christ le monde gréco-latin, et, par lui, tout l’Occident.
Ce rayonnement divin, prolongé par le processus de la “Résurrection spirituelle” créa les premières communautés chrétiennes, et leur suffisait. Pour elles, tout le passé humain, toutes les religions, toute l’initiation antique, toute la science acquise par l‘Asie, l’Egypte et la Grèce, se confondait avec la décadence gréco-latine : le Christ, seul, existait !

Gnose et Initiation


Malgré cela, pendant les deux premiers siècles un certain nombre de communautés chrétiennes conservèrent le principe antique de l’Initiation hiérarchisée et graduée. C’est ce qu’on appelait “la Gnose”. L’union avec le Christ était pour eux un phénomène mystique, supérieur à tous les autres, une réalité à la fois individuelle et collective. Mais dès que s'affirma le “dogme que la foi en l’Eglise établie tient lieu de tout le reste”, le principe de l’Initiation fut supprimé et la foi aveugle se substitua à la "véritable Connaissance".
Certains grands docteurs de l’Eglise construisirent une remarquable métaphysique, en combinant les systèmes d’Aristote et de Platon avec le Christianisme.
Il leur manquait ce qu’exige l’esprit moderne, la connaissance de la nature et l’idée de l’évolution psychique.
Mais les sages initiés veillaient et conservaient pieusement l'essentiel des Mystères :
la Gnose veillait, jour après jour, à aggrandir de plus en plus le cercle des grands penseurs et des sages. Le Moyen Âge vécut une heure de splendeur et de fraternité. La Fraternité Universelle étendait au loin son Temple de l’Esprit : Les cathares en Occitanie, les Manichéens en Asie et en Bulgarie, les Rose-Croix au nord de l'Europe, les Templiers d’Asie Mineure en Europe, propagèrent un Christianisme épuré, un vrai Christianisme apostolique. Mais la royauté française et le pape se liguèrent pour détruire le Temple de l’Esprit : les croisades dites "des Albigeois", la poursuite acharnée contre les Cathares pendant plus de cent vingt ans, la destruction totale des Templiers, l’anéantissement de leurs archives et des instruments de leur rituel, ce furent les "Vèpres siciliennes de la Monarchie absolue contre l’Esotérisme chrétien”.

Christian Rose-Croix


Une ère féconde ne commence pour la science cachée en Occident qu’avec l’insaisissable "Rosenkreutz" - "Christian Rose-Croix" - le grand Rénovateur de la Rose-Croix au XIVème siècle. Il eut le génie de prévoir la nécessité de l’union entre la mystique chrétienne et la science naissante, et de comprendre qu’il fallait rattacher la science de l’Occident à celle de l'Orient pour combler l’abîme qui se creusait dans l’esprit humain et préparer un tampon pour les chocs formidables de l’avenir. On peut dire que les grands philosophes occultistes du XIVème siècle furent imprégnés de son souffle régénérateur.
La grande idée, qui domine ces subtils savants et ces intrépides chercheurs est le parallélisme absolu, l’harmonie profonde qui règne entre le microcosme et le macrocosme, c’est-à-dire entre l’homme et l’univers. La hiérarchie des règnes dans la constitution de l’univers - règne minéral, végétal, animal et humain - correspond à la hiérarchie des forces dans la constitution de l’homme, corps physique, corps éthérique ou vital, corps astral ou dynamique, et moi conscient. L’homme, extrait de l’univers entier, devient ainsi l’image de Dieu.
C’est là une découverte d’une portée incalculable et le centre de rayonnement de la vérité ésotérique. Il est certain que cette vérité se trouve implicitement contenue sous forme d’images et de symboles dans les anciennes mythologies. Mais les philosophes du XVIème siècle l’ont, pour la première fois, scientifiquement exposée et démontrée. Chez eux la vision intuitive se combine avec la conscience raisonnée.

Rédemption finale


Les premiers Initiés du Saint Graal racontaient sur Lucifer une merveilleuse légende. Les Cathares, les Rose-Croix ont repris ce symbole en lui donnant toute sa portée. Lors de sa chute des sphères de la Lumière incréée dans le cercle ténébreux de la terre, l’Archange rebelle écorna une étoile : C’est dans cette pure pierre du Ciel, lapis ex coelis, que fut taillée la coupe dans laquelle fut recueilli le sang du Christ, continuation de la Coupe d’Alliance. Ainsi, l’âme humaine, qui a reçu de Lucifer son moi avec la soif inextinguible de l’individualité grandissante, se remplira, goutte à goutte, de l’Amour divin qui vient du Christ. Lorsqu’elle aura compris toute la portée de son sacrifice et rempli sa mission, l’Archange Lucifer, libéré et plus brillant que jamais, sera redevenu “le Dieu de la planète Vénus, qui lui fut primitivement réservée, et dont il ressent toujours la nostalgie dévorante.
A ce moment le Christ sera complètement identifié à la terre et à l’humanité.

La croix noire, signe du péché, de l’expiation et de la mort, sera devenue la croix blanche, la "croix de Lumière", signe resplendissant de la Résurrection, d’où pleuvent les Roses de l’Amour éternel, roses vivantes et parfumées comme des bouches angéliques!".


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