INITIATION



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LE MYSTERE DES GROTTES



LA VALLEE DE L'ARIEGE


D'antiques sanctuaires
Au XIII ème siècle, la vallée de l'Ariège formait encore un immense lac fermé, avant Tarascon, par un barrage naturel. Ses vagues battaient les flancs du "port du Catharisme", imposant massif montagneux où s'ouvraient une multitude de grottes :
celles d'Ussat, d'Ornolac et de Bouan, les grottes de Lombrives, Fontanet, Ramploques, l'Ermite et bien d'autres.
C'est sur ces grottes que Gadal concentra toute son attention. Il n'était pas seulement exploitant de la grotte de Lombrives, mais aussi propriétaire de nombreuses autres (soixante au total) des quatre communes limitrophes.
Pour Gadal, de telles grottes, de telles ruines côtoyant de tels abîmes, ne pouvaient être que des sanctuaires d'une prodigieuse antiquité. Dès les âges les plus reculés, elles furent déjà - il en eut la certitude - les centres initiatiques des premières spiritualités druidiques. Le Sabarthés servît très tôt d'asile à des hommes, des groupes d'hommes qu'une haute spiritualité et une grande indépendance d'esprit animaient et qui recherchaient le silence et la sérénité des montagnes et des gouffres. Il faut dire que la vallée de l'Ariège - qu'un vaste lac occupait autrefois - possède une curieuse forme évasée évoquant une coupe ouverte, un Graal.
Ce gigantesque creuset alchimique, où les courants telluriques venus des profondeurs de la terre se mêlent aux rayonnements cosmiques, a produit au cours des siècles une grande force d'inspiration à laquelle furent sensibles tous les assoiffés de l'Esprit.

La "Bible de l'humanité"
" …Les parois des grottes sont comme les pages d'un livre saint où les initiés pouvaient y lire leur doctrine. Ibères, Euskes, Bébrykes, Sotiates, Taruskes, Wisigoths…ont fait le lit du Sabarthès ! . Mythe solaire, mythe de la grande Déesse Mère, mythe de Ram et de l'Aum, Christianisme originel, gnostique, Catharisme pyrénéen, Empire d'Amour, Chevalerie du Graal, ont laissé, peu ou prou, des traces de leur passage à travers les siècles : Soleil cerclé de rouge, croissant de lune, serpents blancs, animaux rouges ou gravés, inscriptions magiques, déesses gravées, objets sacrés des Mystères égyptiens, tortue-sirène des Egéens, théologie des Purs inscrite dans la pierre. Les millénaires sont passés, les siècles ont poursuivi leur ronde vertigineuse dans le temps. La Bible de l'humanité est restée toute grande ouverte pour le chercheur ! .
L'Esprit souffle sur la matière qui s'anime et qui chante la gloire de son créateur ! On peut désigner Ussat comme l'un de ces hauts lieux où l'Esprit a soufflé depuis de nombreux millénaires.


Antres, cavernes, grottes Les Anciens voyaient dans les antres et les cavernes une image du Monde dans son universalité et le symbole de toutes les énergies cachées.
Le monde est une "caverne" - dira Platon - que la matière rend obscur et ténébreux, mais c'est aussi le lieu de l'initiation à partir duquel, du sommeil matériel du corps, l'âme qui comprend et se souvient de son Origine, s'éveille à la vie réelle.
Gadal dira :
"J'ai inclus dans mes recherches le rôle des cavernes, des gouffres, de la pierre, pour la formation de la mentalité cathare. J'emploie ce mot dans son sens littéral".

Grotte, antre, caverne : image d'un monde autre où l'on ne peut séjourner sans avoir laissé derrière soi ce que l'on apporte de l'extérieur, un monde où la lumière ne peut être qu'intérieure. Dépouillé de toute apparence, de tout ce qui fait l' "homme extérieur", on y est confronté au Soi réel.
Des grottes doubles comme dans la grande tradition initiatique des "Mystères", les grottes ont deux entrées ; elles sont doubles.
Celui qui y entre n'est plus semblable à celui qui en sort. Nous pouvons le lire dans l'Odyssée au chant XIII :
"…Là encore coulent des sources intarissables, et il y a deux entrées :
L'une vers le Boréas laisse descendre les hommes ;
Mais l'autre, vers le Notos, est pour les Dieux.
Jamais par elles les hommes n'entrent,
Car c'est la voie des Immortels !".


Grottes-églises Dans les vallées d'Ussat et de Vicdessos, certaines grottes étaient fortifiées. Trois d'entre elles portent un nom des plus significatifs :
on les appelle les "trois Eglises" d'Ussat, d'Ornolac-Bethléem et de Bouan.
Quel rôle avaient-elles joué au cours des temps ?
Un rôle défensif, lieu de refuge et de retraite, pendant les guerres de religion ?
Gadal y décèle les vestiges du vaste ensemble d'un Temple d'initiation cathare, accroché au flanc d'un énorme massif montagneux qu'il appelait la "Montagne Sacrée".
C'était en effet la "Montagne Sacrée" du Sacerdoce cathare :
Il y avait d'un coté, le laboratoire intérieur, lieu de gestation et d'enfantement spirituel des Parfaits : les grottes.
De l'autre coté de la montagne - le Thabor pyrénéen - la citadelle de Montségur, sentinelle avancée vers l'Occitanie, le "phare du Catharisme".
Ces grottes servirent de lieu d'initiation.
Une initiation longue, sévère, pour les futurs prêtres cathares, les "purs".
Ces antres souterrains, lieux de rencontre avec la "Toute Puissante Essence Créatrice", leur offraient un habitat sûr et paisible. Ils en fortifièrent certaines en véritables châteaux forts : les "spoulgas".
Entre ces différentes grottes, Gadal voit un lien qui avait jusque là échappé à l'attention des historiens et des amateurs. Nous y reviendrons !
Après une année de probation sur la Montagne Sacrée, le jeune néophyte cathare, célébrait son initiation dans la grotte de Bethléem, à Ornolac, et accédait ainsi à l'état d'Âme vivante, l'état de "pur", de "parfait".
Franchissant alors la "porte mystique", il revenait dans le monde pour se consacrer à l'humanité souffrante, au service du Christ.

Prenons maintenant le chemin des grottes !

LA GROTTE DE LOMBRIVES


Formée par une rivière souterraine, comme toutes les grottes de la région, Lombrives a servi d'habitat à l'homme préhistorique. Plus tard nous y trouvons une tribu des Ibères pyrénéens, les Bédrykes. Leur présence relie à ce grandiose palais souterrain la légende de Pyrène, la belle fille du roi Bebryx, victime de son amour infortuné pour Hercule Tyrien. Elle laissa son nom aux Pyrénées.
La "cathédrale des Cathares":
Les salles rocheuses montrent une étonnante multitude de formations calcaires, stalactites et stalagmites. De mystérieux symboles et inscriptions de tous les siècles recouvrent leurs parois. On y trouve, grandiose cœur de la caverne, la "cathédrale des Cathares".
En 1244, après la chute de Montségur, la grotte de Lombrives devînt le séjour d'un évêque cathare, Amiel Aicard. Ce parfait avait en effet reçu l'ordre de quitter la forteresse assiégée dans la nuit de sa reddition en 1244 et de transporter à Lombrives le "trésor sacré des Cathares".
La partie supérieure de la grotte vit le lent trépas des 510 Cathares emmurés vivants en 1328 sur l'ordre de Jacques Fournier, inquisiteur.

Nouveau Montségur


Dans son livre "De l'héritage des Cathares", Antonin Gadal nous fait un récit très détaillé de l'agonie des derniers cathares et des "faydits" qui, poursuivis et traquée par le sénéchal et les troupes inquisitoriales, allaient mourir lentement, emmurés dans la grotte de Lombrives. En 1328 - nous dit Gadal - bien après la mort d'Amiel Aicard et de Loup de Foix, (autre Parfait cathare, apparenté à la Maison de Foix) qui avait fait de Lombrives son Oratoire et le Sanctuaire où il se retirait pour méditer et prier, cette grotte célèbre, siège déjà de tant de prédications nocturnes, était devenue, sous l'orage toujours croissant de la haine de l'Inquisition, un refuge permanent des faydits des bois. Cinq ou six cents montagnards, fugitifs, s'étaient établis, hommes, femmes et enfants, dans ces ténèbres, et formaient autour du pasteur cathare, un mélange de colonie mystique et de camp sauvage.
"Un nouveau Montségur s'était organisé, non plus chevaleresque comme l'autre et perché dans les nuées, mais rustique au contraire, et perdu dans un antre de montagne, un gouffre perforé par un torrent diluvien."

Une épopée souterraine :
Les troupes du Sénéchal décidèrent de détruire ce repaire de "croyants". Ils avaient auparavant pris et démoli les "trois Eglises" d'Ussat, d'Ornolac et de Bouan.
Ils pénétrèrent dans la grotte par l'étroit goulot, mais ils ne savaient pas que la grotte était double et que son corridor oriental n'est que le vestibule d'une galerie supérieure, quatre fois plus profonde, et qui forme la caverne mère.
On gravit celle-ci par un escarpement de quatre vingt mètres de haut. Retirant une à une les échelles dressées sur quelques entablements qui faisaient saillie, les Cathares furent un moment inexpugnables dans l'obscurité.
Croyant les acculer dans la Cathédrale pour les massacrer, les troupes catholiques furent obligées de battre en retraite. Ils murèrent alors l'étroit goulot, puis les issues extérieures.
"La grotte resta "scellée et scélérée", maudite et défendue par l'effroi superstitieux dont l'entourait un indéfinissable mélange de mystère, de crime inexpiable et d'anathème royal et sacerdotal".

Une paisible fin :
Que firent les Cathares ? Allaient-ils renverser les murs ?
La résignation était une vertu cathare ; ils se soumirent doucement à leur sort, et sourirent tristement à leur tombeau. Ils vécurent encore quelque temps, mais un jour tout vint à leur manquer !
Alors - nous raconte A. Gadal, dans un style émouvant ; Lisait-il ces images dans la Mémoire de la Nature ? - ils se regroupèrent selon leurs familles, dans divers compartiments de la roche …. Pendant quelques instants, au-dessus du pieux murmure des prières, s'entendit encore la voix de l'évêque confessant la Parole qui est en Dieu et qui est Dieu ; il leur donna le baiser de paix, et s'endormit à son tour… Tous reposaient dans le sommeil : et les gouttes d'eau qui tombaient lentement des voûtes troublèrent seules le silence sépulcral pendant des siècles. Ils étaient pleurés par les rochers !
La montagne qui, comme une tendre mère, les avait accueillis dans son sein, leur fila religieusement, avec ses larmes, un blanc ossuaire, ensevelit leurs restes sacrés dans les plis lentement tissés de ce linceul calcaire, et sculpta leurs os que ne profana point le ver : un mausolée triomphal de stalagmites, merveilleusement orné d'urnes, de candélabres et de symboles de vie.
La caverne de Lombrives, qui reçut un instant le trésor de Montségur, fut, près de cent ans après, comme le dernier Thabor du Catharisme pyrénéen.
Emouvante redécouverte :
Mais le temps finit par ouvrir ce grand ossuaire. Deux siècles et demi plus tard, les protestants, qui se cherchaient peut-être des ancêtres dans les antres des montagnes, conduits par de vagues et tragiques souvenirs, pénétrèrent dans ses cryptes funéraires. Ne nous étonnons donc pas si, alors qu'il n'était pas encore Roi de France, le futur Henri IV, Comte de Foix-Sabarthès, poussé par le long passé spirituel de ses aïeux, soit venu à Lombrives, à l'instigation de trois notables protestants de Tarascon, et découvrît la "Cathédrale des Albigeois", dont 250 ans plus tard, personne n'osait parler.
Son ancêtre, Loup de Foix - racine profonde des Bourbons par la Maison comtale de Foix-Sabarthès - avait dit en s'agenouillant avant de pénétrer dans son "Oratoire" :
"Il faut se prosterner devant le Très-Haut avant d'entrer dans son Temple".

Avec trois de ses aides de camp, le futur Henri IV fait ouvrir l'entrée de la grotte. Ils y pénètrent et arrivent à l'Oratoire de Loup de Foix, montent par les échelles encore dressées, et découvrent tout un peuple endormi et couché, presque pétrifié comme dans des cercueils de pierre.
"La Montagne qui pleurait ses enfants leur avait construit des ses larmes congelées, des tombes de stalagmites. Bien plus, elle leur avait élevé comme un monument triomphal, et transformé l'affreuse caverne en une basilique merveilleusement décorée de moulures, de sculptures symboliques."

On aurait même trouvé les corps disposés en rond et se touchant par les os des pieds et des mains.
L'immense nécropole de Lombrives était rendue à l'histoire, après 250 ans de complet silence, mais non d'oubli ! Il y a des paroles, il y a des actes qui ne seront jamais frappé d'oubli.
L' "Œil d'Osiris" met-il un voile sur ce qu'il est appelé à voir ?

EN QUETE DE L'ESPRIT



LE DUALISME DES CATHARES


Dans ce monde, les hommes doivent tenir de l'existence de "deux ordres du monde différents" :
Le Monde origine, parfait, le Règne de Christ où dominent Lumière, Force, Unité et Amour. C'est la "Patrie" de l'Homme-âme-Esprit, la véritable Création voulue par Dieu.
"Tout a été fait par lui".
et un monde dualisé, fantasmagorique, reflet dégradé et caricature du Monde parfait et céleste. C'est un champ de devenir incessant où les contraires s'affrontent ; Lieu du "mélange" où ce qui est éternel dans l'homme terrestre - l'âme-lumière - tente de se dégager, de renaître, pour retrouver le Champ de Vie de l'Origine. Lorsque l'étincelle divine est éveillée dans le cœur d'un homme, il reconnaît l'action de ces "deux natures" et peut alors vouer sa vie au processus de "renaissance" de l'âme-lumière :
"A tous ceux qui L'ont reçue, Elle donne le pouvoir de devenir enfant de Dieu".


"A tous ceux qui L'ont reçue, Elle donne le pouvoir de devenir enfant de Dieu".

Les grottes constituent les étapes du chemin initiatique des futurs "Parfaits".
Le jeune néophyte cathare commence sa quête spirituelle en montant vers les "églises d'Ussat". Il Franchit la "muraille symbolique" qui séparait le monde matériel, profane, trop bien connu, qui le possède encore, du monde spirituel encore inconnu de lui mais dont il a l'ardente aspiration. Il entre alors, accompagné d'un ancien, dans la grotte-église d'Ussat. C'est le début d'une longue formation, une autre vie rythmée par le travail, l'étude, les prières, les jeûnes.
Empruntant les galeries souterraines et les sentiers de montagnes, il parvient aux grottes avoisinantes : la Chapelle, les cuisines, les ateliers, les cryptes, la grotte de l'Acacia où il découvrira plus tard un symbole majeur gravé dans la roche :
la Croix du Grand-Maître.
Avec le temps, sa perception intérieure s'affinant, il progresse vers l'est et atteint un autre groupe de grottes : "Ramploque", l' "Ermite", le "Grand-Père", pour y poursuivre la seconde étape de son initiation dans les trois grottelles sacrées de "Kepler", "Mès-Naut" et "Ka" : phase essentielle de totale purification, de mort à la vie inférieure et d'élévation, appelée "Endura".
Candidat à la perfection, il est maintenant introduit dans un processus d'initiation à la vérité vivante, une "Endura" en trois phases dont deux sont déjà partiellement vécues :
Formation, Réformation et Transformation :
  1. Avant de recevoir le "Consolamentum", le futur Parfait devait abandonner sa "chenille", c'est-à-dire la vie liée à la matière, s'en débarrasser moralement (grotte de Kepler).

  2. La chenille s'endort en une chrysalide, après la mort de sa première matière.
    L'homme matériel devient homme-esprit dans la seconde grotte (Mès-Naut).

  3. La troisième grotte sacrée (Ka) voit sa transformation d'homme-esprit en Âme-Lumière éveillée. La chrysalide se mue en un insecte parfait qui prend son envol, une Âme parfaite.

Dans la troisième et dernière étape de sa "renaissance" selon l'âme divine devenue pure Lumière, le futur "Parfait" est conduit à la plus importante de toutes les grottes : celles de "Bethléem", à Ornolac.
Il passe la "Porte mystique" qui sépare le domaine des "vivants selon l'âme" du domaine des morts. Au-delà de se trouve une grande maison de pierre, séjour des prêtres cathares. Il entre dans la phase décisive de son initiation.

LA GROTTE DE BETHLEEM




Antonin Gadal était un orateur inspiré. La puissance de ses paroles résidait dans l'absolue certitude de son savoir qui trouvait ses fondements dans le "pré-souvenir". Il ne cherchait ni à convaincre ni à forcer l'adhésion d'autrui, mais ses intuitions persuadèrent de nombreux chercheurs qu il détenait des vérités spirituelles inaccessibles à l'homme ordinaire, vérités qu'il voulait faire partager à ceux qui y étaient sensibles.

Naissance


La grotte de Bethléem est pour lui la plus fascinante de toutes.
Elle était le cœur de l'initiation cathare, la matrice du Sacerdoce cathare. Là naissait le "Nouveau Christ", l'Homme Nouveau. L'initié y devenait Parfait.
De forme oblongue, la grotte possède deux entrées, comme beaucoup de grottes initiatiques :
l'une à l'ouest est l'entrée des "parfaits", l'autre est réservée au Grand-Maître.
Face à la première entrée, il y a, comme sculpté par la nature dans la paroi rocheuse, un grand pentacle. Non loin du pentacle se dresse un autel de granit sur lequel reposait l'Evangile cathare de Jean, ouvert à la première page. De chaque coté de la paroi, dans des alcôves, des lumières répandaient une douce clarté.
L'une d'elles abritait une coupe qui sera identifiée au Saint Graal.
Pureté, simplicité, profondeur de ces premiers rites apostoliques - bien antérieurs à l'amalgame du christianisme et du paganisme opéré au IVème siècle - et qui caractérisent la vraie Co-naissance, la Gnose, donnant accès aux Mystères de la Vie en Esprit.

Mort et Résurrection

A Bethléem est fêtée la résurrection de l'Âme divine emprisonnée dans le tombeau de la nature, enserrée dans les bandelettes du corps matériel.
C'était la Résurrection de Lazare, qui, selon Gadal, n'est autre que Jean, le disciple aimé de Jésus. Sa mort est l'ultime stade de l'initiation permettant à l'âme divine de se libérer de sa liaison à l'enveloppe matérielle.
Le candidat est prêt à affronter maintenant la phase finale de l'initiation :
celle du sacrifice de sa vie, but suprême de sa longue préparation. Il lui manquait encore l'anéantissement de sa matière, l'acte de rendre "à la poussière ce qui n'est que poussière".
Il devait mourir selon la vieille nature, avant de s'élever en l'Esprit. Le corps matériel et ses convoitises vaincus, l'âme avait déjà appris depuis longtemps à s'envoler par le Chemin des Etoiles. Elle doit maintenant faire l'offrande parfaite de sa vie, s'unir à la vie du Christ, "imiter" son divin Maître.


Homme nouveau


Conduit par l'Ancien, le candidat arrive au lieu sacré de son "ordination", de sa Réformation. Dans la grotte illuminée, il est accueilli par ses frères et il reçoit l'"Oraison", le "Notre Père" qui doit orienter désormais tous les actes de sa vie.
Le moment suprême de cette cérémonie consistait à prendre place à l'intérieur du Pentacle afin de sceller définitivement en lui la réalité vivante de l' "Homme Nouveau Quintuple".
Libéré de toute matérialité, par l'offrande de lui-même, il entrait dans le Sacerdoce cathare. Il percevait alors, dans toute sa force, la réalité du Saint Graal : la grande offrande de l'Amour, source inépuisable de force. Il devait boire intérieurement à cette coupe qui lui était alors comme tendu par le chef de l'Ordre.
Pur en tout, il était devenu l'un des "parfaits", non plus l'Osiris vert, le simple chercheur de lumière, mais l'Osiris noir des régions célestes, uni au Fils par sa mission, intégré dans le sein du Père par l'Âme-Esprit.

LE DEVENIR "PARFAIT"


"Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ".

L' Endura


Comme dans toutes les fraternités gnostiques, les Cathares connaissaient plusieurs degrés : il y avait les "croyants" - que les Evangiles nomment "Appelés" - et les "Parfaits" - qu'ils nomment "Elus".
Il existait bien sûr des phases intermédiaires.
Les croyants écoutaient les prédications. Mythes, récits et symboles développaient leur entendement du Bien et la "Bonne Volonté" envers Dieu et ceux qui Le servent.
Ils recevaient la transmission de l'Oraison ; conscients des "deux natures", ils pouvaient orienter leur vie vers le pur idéal chrétien.
Les Parfaits engageaient concrètement leur vie dans un triple processus de renaissance de l'Âme divine. Ils entraient dans la pratique de l'"Endura" qui est l'abandon conscient de tout ce qui lie l'âme à la terre : ambition, désirs, instincts ; toute tendance égocentrique dans les trois sanctuaires de la tête, du cœur et du bassin, la reddition complête de l'homme-moi égocentrique à l'Âme-Lumière née de Dieu.

Consolamentum


Le Consolamentum ou Baptème de l'Esprit par imposition des mains - signe de l'initiation des Parfaits - marquait la séparation définitive des deux principes dans le candidat :
Lumière et ténèbres.
Le Consolamentum consacre l'union de l'âme purifiée avec l'Esprit. Il l'affranchit de toute liaison à la nature corruptible et introduit le candidat dans le Sacerdoce cathare :
la Perfection.
Il entrait alors dans la Nature Supérieure, le champ de Vie de l'Âme-Esprit. La réalité de cette liaison se démontrait d'ailleurs aux yeux de tous dans le tranquille courage de ces milliers de martyrs devant la mort qu'ils avaient intérieurement vaincue.
Le but de l'initiation cathare était le devenir "Parfait".
Les Cathares connaissaient deux formes de Consolamentum :
le Consolamentum des mourants qui leur apportait consolation et repos et était conféré à tous les croyants.
le Consolamentum des "Trépassés Vivants", les initiés, les Parfaits.

Le "nouvel habit"


On donnait au nouveau Parfait un "nouvel habit", signe que son ancien état d'être né selon la nature avait été déposé. L'autre nom donné aux prêtres cathares était "les revêtus".
"Revêtus de l' "Homme Nouveau", les Parfaits devaient ensuite retourner dans le monde, au milieu des hommes pour y travailler au service de la lumière. Deux par deux, répandant la "bonne parole" et guérissant, ils accomplissaient la double mission du Christianisme : Servir Dieu et sauver les âmes humaines.

L'Etoile de Bethléem


Le Pentacle - penthalpha - fut chez les Manichéens, puis chez les Cathares, le symbole de l'Homme Vrai, l'Homme-Âme-Esprit.
L'Âme née à nouveau rayonne dans le corps par cinq points : à la tête, aux deux mains et aux deux pieds. Si l'on relie ces points entre eux, on voit apparaître l'étoile quintuple, le "Signe du Fils de l'Homme".
Cette étoile quintuple rayonnante forme alors autour de l'initié un vêtement de Lumière :
l"Habit d'or des noces".
Dans la grotte de Bethléem, à Ornolac, le futur Parfait était placé, comme nous l'avons vu, dans le Pentacle, signe que l'âme éternelle était à nouveau vivante en lui.


Le Consolamentum, baptême d'Esprit, l'affranchissait de toute corruption matérielle et l'introduisait dans le Sacerdoce.

Le chemin des étoiles


A l'origine, chaque âme est une étoile du firmament divin, un rayon de la Pensée divine.
Le "chemin des étoiles" envisage l'extinction des feux du zodiaque naturel - feux qui nourrissent et régissent l'existence de l'homme terrestre soumis aux astres et aux éléments - et la renaissance de l'Âme-Lumière, étoile du Cosmos divin.
Dans ce processus, l'âme se détache de tous ses liens terrestres et revêt l' "Habit de Lumière" qu'elle avait dû abandonner lors de sa chute dans la matière. Gadal le décrit ainsi :
"Après de longues épreuves et purifications pour atteindre la Perfection, les âmes remonteront dans l'azur. Voyez cet océan de l'Ether, semé d'îles de feu, d'archipel de lumière ! Ce sont les stations de l'âme, d'astre en astre, de constellation en constellation jusque dans le sein du Père".

Le candidat au retour à l'harmonie originelle doit traverser toutes les sphères de la nature et du cosmos, il doit s'arracher à toutes les emprises émotionnelles et mentales de ce monde, en un mot : "vaincre la mort et le monde".
Alors, l'homme-Âme délivré prend son envol vers sa Patrie.
Ce voyage de l'âme étrangère à ce monde, à travers les domaines cosmiques, soumis aux puissances cosmiques (les Eons et les Archontes des premiers gnostiques), est abondamment décrit dans la "Pistis Sophia", l'Evangile de Marie, les textes hermétiques, les épîtres de Paul.

Les grottes parlent …


Ce que A. Gadal faisait ainsi connaître dût être pour certains de ses proches une révélation. Nul historien n'avait jamais mentionné ces choses, nul ouvrage n'en avait révélé un quelconque aspect. Seules quelques archives de l'inquisition - mais elles étaient encore inaccessibles à l'époque - évoquaient la présence certaine de Parfaits cathares dans les Trois Eglises de la vallée.
Dans l' "Héritage des Cathares", Gadal dit ceci :
"L'Eglise-spoulga d'Ornolac, où le pieux Loup de Foix s'était converti au Consolateur, frappe par l'ensemble de ses murs en ruines, enceintes, portes, remparts… Mais la chapelle de Bethléem est bien conservée. Ah, si elle pouvait parler et répéter ce qu'elle a entendu ! Si nous pouvions connaître les questions colossales traitées à l'abri de la roche : Dieu, l'Univers, la Création, la Chute, le Salut par le Christ, la Conversion de Satan, l'Extinction de l'Enfer, le Purgatoire sidéral, la Migration des âmes d'astre en astre…si nous étions au courant des méditations dont la plate-forme fut si longtemps et si souvent le témoin !".


LA SPOULGA DE BOUAN


Cette grotte fortifiée sur l'autre rive de l'Ariège, servit longtemps de refuge et d'abri pour les Cathares persécutés du Sabarthès. Après la chute de Montségur, dès que les armés de la croisade eurent fait leur œuvre, l'inquisition dominicaine commença à sévir dans la région. Le Sabarthès vécut la période la plus cruelle de son histoire, soumis à la violence raffinée de l'inquisition qui fouillait, traquait, déportait, écorchait et brûlait sans répit les derniers fidèles de l'Eglise d'Amour. En 1295, Pierre Authié, évêque cathare de Bouan, fut contraint de fuir en Lombardie. Il revint à Bouan en 1299 et poursuivit son ministère jusqu'en 1309, déjouant les ruses de l'inquisition. Il fut brûlé à Toulouse.
L'Eglise de Bouan accueillit encore longtemps les derniers croyants cathares.

GUERISON


Consolé
"Le Christ est apparu aux Amis de Dieu, surtout sous la forme d'un céleste Médecin".
"Il n'a pas été l'holocauste immolé à la justice éternelle pour le salut des hommes, mais le Médecin qui a apporté la Vérité libératrice au monde". "Les Bonshommes cathares étaient des thérapeutes spirituels, à l'exemple de leur divin Maître ; les Eglises, les "Maisons" cathares (hostals) étaient des hospices de l'âme. De tous les points de l'horizon, des pèlerins arrivaient en foule pour être guéris de leurs maladies morales…". "Les grottes, les cabanes des "Purs", étaient autant de lieux qui renfermaient les piscines sacrées…". "Les visiteurs étrangers prenaient part aux agapes, recevaient le pain et le vin consacrés et, rite souverain, le baiser de paix qui communiquait l'Esprit Saint… Ils s'en retournaient, "consolés"…".

Sainte Table
Placement des mains
Bénédiction et imposition
Consolation.
Les Parfaits parcouraient les pays pour consoler la douleur et apporter "les belles Consolations de Bethléem".
"La Lumière brille dans les ténèbres"
Le début de l'Evangile de Jean explique la Genèse inspirée à Moïse, le grand Initié égyptien.
  1. "Dieu (les Elohim) dit :
  2. Que la Lumière soit !
  3. Et la Lumière fut.
  4. Dieu vit que la Lumière était bonne ;
  5. Et Dieu sépara la Lumière des ténèbres."

C'est la Genèse de la Lumière.
Dans l'Evangile de Jean, nous lisons :
  1. "Au commencement, était la Parole,
  2. Et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu.
  3. Tout a été fait par Elle, et sans Elle, rien n'a été fait.
  4. En Elle était la vie, et la vie était la Lumière des hommes. La Lumière brille dans les ténèbres
  5. Et les ténèbres ne L'ont pas reçue".


Voilà l'Etoile flamboyante, le Pentacle de Bethléem qui révèle le spirituel au matériel, Consolamentum des Parfaits. A travers les ténèbres de l'histoire, la Lumière divine brille plus que jamais, dévoilant la Vérité pleine et entière.

Formation, réformation, transformation


A. Gadal participait souvent à des rencontres, colloques ou conférences regroupant de nombreux chercheurs spirituels de tout âge. Il dit un jour ceci ainsi en clôture d'une conférence, au cours de laquelle il montra l'unité et l'harmonie de l'Enseignement intérieur de la délivrance, tel qu'il s'adresse à l'homme depuis les origines à travers Hermès, Moïse, jusqu'à l'Apôtre Jean où il atteint sa plénitude par le Christ :
"Je m'adresse particulièrement aux jeunes, espoir de l'avenir. Nous leur avons montré :
  1. l'influence sur la formation spirituelle des grands silences, des grands horizons, des immenses entrailles de la terre, où l'être se sent si petit …face aux merveilles du Créateur.
  2. la réformation de la matière pendant les jours d'initiation (journées dures, longues et austères), pour amener à la vue juste de la Transformation (après la sanctification en Christ), par le sacrifice total de l'homme.
  3. ces données expliquent "les sinuosités du Chemin du Saint Graal" que nécessairement nous devons suivre pour les trois phases obligatoires de notre vie : Formation, Réformation, Transformation.
  4. et nous leur montrons ainsi "la Lumière perçant les ténèbres".

Gardez bien notre devise, mes jeunes amis. Et si, par hasard, vous aviez quelques instants de lassitude ou de découragement, pensez à la pure pierre du ciel, le Lapis ex coelis (le Graal) et répétez avec amour :

LUX LUCET IN TENEBRIS




"La Lumière brille dans les ténèbres". (Jean I, 5)


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