GRAAL



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LE GRAAL dans les Pyrénées


A.Gadal a cherché le Graal, indissociable pour lui du mystère de la vie humaine et de la délivrance. Ce qu'il a pu en dévoiler est suffisant pour inciter le chercheur à acquérir le discernement, la vision et l'aspiration justes sans lesquels, tel le chevalier irréfléchi qui s'ignore lui-même et ne lit pas les signes, il risque d'errer longtemps dans la forêt profonde des spéculations et de l'occultisme.

Intemporalité


Le Graal est le secret le plus mystérieux du Moyen Âge. Son origine se perd dans la nuit des temps. Comme tous les symboles sacrés, le Graal s'est imposé avec force à la conscience intérieure d'une époque éprise de spiritualité et d'élévation car il évoquait Pureté et Révélation, Sacrifice et Guérison Parfaite.
La Sainte Coupe passe de bouche en bouche, voyage de tradition en tradition. C'est le chaudron magique des druides de Celtide. Il apparaît en Perse, ressurgit chez les premiers chrétiens gnostiques et les Manichéens puis vient animer la Gnose médiévale. On le trouve au Pays de Galles (Gladstonbury), à Fécamp et à Bruges, sur le Rhin et surtout dans les Pyrénées, le Nord de l'Espagne et le Languedoc.
"Le mot Graal vient de "grasal" et désigne, en langue d'oc, un vase de terre et une large coupe. Les Templiers parlaient du "Sant Grésal" ou du "Sant Gréal"."


Les plus anciennes versions de la légende sont en Occident :

Kyot (Guyot) de Provins, troubadour initié Il existait une ancienne version de "Perceval", antérieure à Chrétien de Troyes, œuvre du troubadour Kyot ( ou Guyot) de Provins en Champagne.
C'est dans de vieux parchemins de l'université de Tolède - où la culture espagnole arabo-juive brillait de tous ses feux - que Kyot trouva le fil d'or de son Perceval. Chrétien de Troyes et Kyot fréquentaient les cours de Toulouse, de Carcassonne, de Foix et d'Aragon.
Gadal nous dit :
"Kyot, l'illustre maître, découvrit à Tolède la première source de son récit. C'est un païen renommé pour sa science, physicien, descendant de Salomon, qui en a parlé le premier, Flégétanis. Il aperçut de ses yeux, dans les constellations, des signes mystérieux dont il ne parla qu'avec crainte, et affirma l'existence d'un prodige dont le nom, le Graal, lui apparut clairement écrit dans le ciel. Une légion d'anges le déposa sur la terre, puis remonta au plus haut du firmament. Confié à un pêcheur, il disparaîtrait ; il fallut donc désormais, pour le garder, une race pure. Il n'admet en sa présence que ceux qui en sont dignes !".


Un peu d'histoire…


Gadal tenta de retracer les étapes historiques de la manifestation du Graal. Il est question du "Trésor de Salomon" emporté par les Romains de Jérusalem à Rome ; puis de Rome à Carcassonne, par Alaric, roi des wisigoths. Une partie est transportée à Ravenne par Théodoric, une autre à Byzance. Le "Trésor" tombe ensuite, à Tolède, entre les mains des Arabes, vainqueurs des Wisigoths en Espagne.
Mais la "Table de Salomon" n'y figurait pas. Les Arabes franchissent les Pyrénées en 718. De vieilles romances espagnoles veulent que cette "Table", qu'ils nomment "Ecrin", ait été conservée dans la "grotte magique d'Hercule".
C'est dans cette grotte que Rodéric, roi des Goths, aurait découvert l' "Ecrin", caché et dans l'Ecrin, trois coupes. La grotte magique d'Hercule, c'est la grotte de Lombrives, la Cathédrale des Albigeois. La grotte où l'Hercule tyrien a laissé la légende de Pyrène, qui donna son nom aux Pyrénées.
C'est dans cette grotte que l'évêque cathare, Amiel Aicart, reçut l'ordre de veiller sur le "Trésor sacré des Cathares", après la reddition de Montségur.

Marie-Madeleine et les Taruskes


Vingt siècles avant J.C. les Ibères venus d'Asie occupent l'Espagne et l'Aquitaine. Plus tard, Celtes et Ibères forment les Celtibères. L'Ariège était occupée par la tribu celtibérienne des Sotiates, dont une partie venait de la Mer Egée. Ils se concentraient autour de la région d'Ussat et formaient le pays des Taruskes, avec Tarusko (Tarascon) comme capitale.
Ils connaissaient bien et utilisaient déjà les innombrables grottes de la vallée.
Une autre branche des Taruskes s'était établie sur les bords du Rhône, près de Massalia (Marseille). C'est chez les Taruskes rhodaniens que, selon une légende, Marie-Madeleine aurait apporté avec elle la Coupe Sainte qui avait recueilli le sang s'écoulant du flanc de Jésus crucifié. Elle se serait installée avec sa nombreuse suite, dans une "balme", une Baume (terme qui signifie grotte), la "Sainte Baume" où d'innombrables fidèles venaient y chercher la guérison et reprendre des forces.
Nous retrouvons là aussi la même image spirituelle, la même idée-force : grotte, initiation, Graal, transmission d'une force sainte en vue d'une guérison parfaite du corps et de l'âme. Un même courant spirituel toujours prêt à jaillir.

MONTREAL DE SOS


Il y a, accroché au flanc d'une vallée d'un des affluents de l'Ariège, le Vic de Sos, un immense rocher à pic, dressé telle une gigantesque quille. Cette imposante masse rocheuse était autrefois couronnée par l' un des châteaux les plus puissants du pays des Taruskes ( qui deviendra le Sabarthès). De ce château de Montréal de Sos, démantelé plus tard par Richelieu, il ne reste actuellement que quelques pans de murs et une grotte à double issue, une grottelle d'initiation.

Une fresque initiatique


Dans cette grotte se trouve une peinture en trois couleurs, une bien curieuse fresque qui se rapporte à une scène du "Perceval le Gallois" de Chrétien de Troyes.
Sur la paroi intérieure, on y voit des croix rouges, une épée brisée, une lance, un tailloir (plateau) décoré portant cinq gouttes de sang et, au centre, un Graal en forme de soleil rayonnant.
Gadal dira :
"Dessin unique au monde : un coup d'œil, et tout le livre de Perceval défile instantanément devant vous".

Ce château était de toute évidence celui du Graal, le château de Montsalvatge, le Graalburg de Wagner. Les chevaliers du Graal, "Templiers", gardiens du Temple intérieur, y vivifiaient jour et nuit la présence du Graal.
Le courant spirituel qui traversait toutes les manifestations des mystères de l'Occident, depuis les druides, les Manichéens, les premiers chrétiens, était passé chez les Templiers et les Cathares.
La Quête du Graal était une représentation symbolique de l'initiation cathare. Le Graal était le but suprême des Parfaits. Il donnait accès au domaine de l'Esprit et conférait le pouvoir de guérir et de consoler les hommes.

LA SOURCE


On se pose parfois la question :
A quelle source les Parfaits cathares, ces héros pacifiques de l'Esprit, qui aspiraient à un renouveau du Christianisme vivant, originel, puisaient-ils la force, le courage et l'amour dont ils avaient besoin pour réaliser la Perfection ?
Cette source se trouve dans leur âme renée, renouvelée par l'Esprit (par le Consolamentum) et dans sa réintégration au domaine des âmes immortelles. C'est cette source secrète et intarissable que les adversaires des Cathares tentèrent de faire disparaître en détruisant le vêtement extérieur de cette Religion d'Amour, dont ils voulurent s'emparer pour des buts autres que la délivrance des âmes humaines.

Ouvrir la source


Certains spéculateurs s'imaginèrent aussi que divers procédés magiques ou occultes, rites secrets, invocations ou autres, permirent aux Cathares d'ouvrir cette source.
Mais la source ne s'écoule que lorsque les conditions intérieures sont remplies, que l'âme est effectivement re-née dans l'être humain, qu'elle est à nouveau vivante en lui.
Dans la tradition immémoriale, cette source a souvent été symbolisée par une Coupe Sacrée, le GRAAL. Sa conquête assurait l'immortalité, la guérison parfaite.
Ne fut-elle pas identifiée à la coupe où Jésus trempa le pain lors de la Sainte Cène ? Et judas, qui y avait bu d'un cœur impur, s'enfuit dans la nuit pour trahir ! Qui boit à la Coupe Sainte, est poussé à se révéler soi-même.
Aussi le Graal a-t-il toujours été symbole de révélation, de pureté. Une antique légende raconte aussi que Joseph d'Arimathie aurait recueilli et conservé dans une coupe quelques gouttes de sang du flanc transpercé de Jésus crucifié. La Coupe, le Graal, devient ici symbole de sacrifice parfait, d'offrande de soi.

Les douze chevaliers


Ceux qui s'engagent sur ce chemin, tels les candidats à la Perfection, doivent ériger le Graal en eux-mêmes, dans leur être propre, c'est-à-dire se rendre aptes à recevoir dans le cœur et la tête les forces de Lumière de l'Esprit. Ils forment alors, tels les douze disciples de Jésus, les douze Chevaliers de la Table Ronde, une "Communauté du Graal".
A chaque époque, une telle Communauté doit se constituer et poursuivre le Grand Travail de sauvetage et de guérison au service du monde et de l'humanité. La Quête du Graal est profondément enfouie en l'homme. Elle doit être sans cesse renouvelée.

Le Graal, n'est-ce qu'un symbole?


Voici ce que Gadal répond :
"Le Graal, le sang de Christ, c'est la pureté, la perfection. Le chemin du Saint Graal, c'est le travail de chaque jour pour éviter le Mal, pour rester dans le Bien. C'est le symbole qui doit nous guider dans nos efforts pour suivre ce chemin. On a souvent dit que le Graal était un symbole matériel de la foi chrétienne ! Mais cela n'est pas en harmonie avec la sagesse des Cathares pyrénéens, puisqu'ils rejetaient tous les symboles matériels, se limitant aux formes les plus simples du culte".

Ne portant pas d'armes, les Cathares ne pouvaient pas être les gardiens, défenseurs de reliques matérielles contenant le "Sang du Christ".
La lettre tue, l'Esprit vivifie !
Le mot "symbole" doit être pris dans son sens ésotérique. Il ne peut venir à la pensée de personne que le sang de Jésus-Christ ait pu se conserver pendant des siècles.
Un mystère "chrétien" >Quand Wolfram d'Eschenbach parle de Templiers, de gardiens d'un sol sacré, d'un ermite comme le Parfait Trévizent, d'un chevalier "fol" comme Perceval, parti en quête du Graal, on y voit le reflet d'une doctrine secrète. Il dévoile ici un aspect des Mystères chrétiens.
Kyot et Wolfram d'Eschenbach, connaissaient bien l'initiation des Parfaits, des Templiers, gardiens du Graal, de la Fraternité Universelle.
Il est fait allusion - nous dit Gadal - au Temple Universel de l'Esprit, à une Religion du Temple de l'Esprit. Déjà établie par Hermès Trismégiste en Egypte, puis par les Néo-Platoniciens à Alexandrie, cette Religion du Temple de l'Esprit - nous l'avons vu - s'est rattachée, par Saint Jean, au Christ. Elle s'est poursuivie par les Templiers du Graal, les Cathares et les Rose-Croix.

La Pierre du ciel


Perceval, le chevalier "fol" aux yeux du monde, le chercheur de vérité ennobli à la quête suprême, décide de partir à la recherche du Graal.
Sait-il que l'on ne conquiert pas les choses célestes de la même manière que les choses sensibles ? Son chemin le conduit à Fontane-la-Salvatge, où il rencontre le Parfait Trévizent qui lui dit :
"La passion des aventures vous a-t-elle mis en route pour gagner le prix de l'Amour ? Alors, attachez-vous à l'Amour Parfait que nous célébrons en ce jour !".

L'ayant introduit dans une seconde grotte, l'ermite dit à Perceval :
"Vous aspirez à la possession du Graal ? Je dois plaindre votre inexpérience.
En effet, nul n'y peut prétendre à moins d'y être prédestiné par le Ciel, qui le connaît bien. Si je dois parler ainsi du Graal, c'est parce que je l'ai vu. Je le connais bien. Il est défendu, à Montsalvatge par de nombreux chevaliers :
ce sont les Templiers, qui forment une troupe redoutable. Une Pierre les alimente, dont la nature est incorruptible, et qui se nomme:
"Lapis ex coelis", Pierre du Ciel.
Cette Pierre se nomme aussi le Graal."


Origine de la Pierre


L'ermite Trévizent retrace pour lui l'origine de la Pierre :
"Tandis que Lucifer, ambitieux et orgueilleux, assailli de désirs immodérés, fut précipité hors du Ciel, il écorna une étoile, en tombant : les débris de l'étoile roulèrent dans l'espace et furent arrêtés par la terre.
Pierre du Ciel, pierre pure et parfaite puisque, tombant du ciel ; ce fut le Lapis ex Coelis du Graal !
Les anges, pourtant justes et bons, qui s'abstinrent dans la lutte de Lucifer contre la Trinité, furent relégués sur la terre, à la garde de la pierre, dont la pureté est inaccessible. Dieu les a retirés d'ici-bas. Depuis lors, la garde est confiée à ceux que Dieu choisit !"


Image de la perfection


Le Saint Graal, Lapis ex Colis, sont, l'un et l'autre, l'image de la Perfection du divin Maître, le Christ. C'est, par la quête du Graal, le chemin qui doit conduire à la pureté.
Pour le Templier comme pour le Parfait, Cathare ou Rose-Croix, c'est le but suprême de l'initiation.

"Pour le Cathare, le chemin du Saint Graal était long, plus de quatre années passées dans le Centre ; il était sévère, dur, les grottes n'offrant que leur silence, la méditation, la prière, et les aspérités de la roche. Patience, courage, "Endura"."
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